La couverture de l’A14, qui relie le quartier de La Défense à l’autoroute de Normandie vient en « réparation » partielle des nuisances perpétrées en banlieue ouest par les nombreuses infrastructures arrivant sur Paris : RER, train, A14, A86. La Ville de Nanterre subissait ces infrastructures – dont elle ne profitait qu’en partie – au prix de dommages immenses pour le tissu urbain : zones enclavées, continuités urbaines interrompues. L’enfouissement de l’A14 a permis de mener une opération de requalification urbaine qui s’étend de l’Arche de La Défense à la Seine, le long d’un axe pratiquement rectiligne de trois kilomètres et demi. L’agence des architectes-urbanistes TGT a remporté en 2002 la consultation de maîtrise d’œuvre urbaine organisée par l’Epasa (Etablissement public d’aménagement Seine-Arche). Son projet segmente cet axe en dix-sept espaces de taille équivalente appelés terrasses, implantées en correspondances des nouveaux îlots de logements et de bureaux qui bordent cette nouvelle avenue. La question de l’animation de ce quartier était posée à l’équipe de maîtrise d’œuvre *.
« L’histoire des villes nous montre qu’il est très difficile d’anticiper les usages d’un espace sur le court terme comme sur le long terme. Plutôt que de découper des zones et de leur assigner à chacune une fonction précise – une aire de jeu par ci, un terrain de skate par là – nous préférons concevoir un espace public comme un équipement que chacun pourra s’approprier », dit Jean-Claude Garcia, de l’agence TGT.
La première des priorités était la mixité d’usage du quartier : il fallait éviter de réserver exclusivement le site soit à l’habitat, soit au bureau, pour éviter le phénomène de cité-dortoir ou de quartier d’affaires déserté le soir et le week-end.
Animation des commerces
Les commerces jouent également un rôle important : en dotant le côté sud de chaque terrasse de larges trottoirs, les architectes ont voulu favoriser leur bon fonctionnement. Ils accueillent notamment des cafés à l’abri de la circulation. Les fonctions se succèdent du côté sud au côté nord des terrasses, de l’ambiance la plus minérale à la plus champêtre : les sols minéraux au pied des immeubles, puis les pelouses que les employés des bureaux peuvent utiliser comme espace de pique-nique et des noues qui recueillent une partie des eaux pluviales. « On peut même imaginer qu’un enfant y vienne chasser les grenouilles les jours de pluie… », estime Jean-Claude Garcia.
Les dix-sept terrasses resteront ouvertes de jour comme de nuit et ne recevront sur les parties plantées qu’un éclairage minimal. Au-delà de l’animation générée par l’habitat et les bureaux, la Ville voudrait implanter d’autres fonctions : un vide sous le surplomb de la terrasse 15 va être aménagé en résidence pour un artiste plasticien. D’autres projets, comme l’implantation d’un cirque, se heurtent pour l’instant aux règles de sécurité. Néanmoins, des stratégies d’animation temporaire des terrasses sont en cours d’élaboration. Sans attendre leur mise en place, les rez-de-chaussée se transforment en s’ouvrant largement vers ce nouvel espace planté qui était autrefois une autoroute dont il fallait se protéger.