L’ouverture prochaine du parc de l’île de Monsieur, à Sèvres, marque une nouvelle étape dans la reconquête des friches industrielles des berges de la Seine dans l’Ouest parisien. Situés en face de l’île Seguin et au pied du parc de Saint-Cloud, ces 7 ha de terrain en forme d’amande longtemps occupés par Renault étaient isolés du reste de la ville par la RD7 au nord, et par les voies de l’ancien chemin de fer de Puteaux-Issy Plaine à l’est qui coupaient complètement les terrains de leur façade fluviale.
Lauréate du marché de définition lancé en 2002, l’agence d’architecture 2AD a eu pour priorité de briser l’enclavement et de mettre le futur parc en liaison directe avec son environnement. Le point majeur a été le dévoiement de la ligne de tramway le long de la RD7, supprimant tout obstacle en bordure de fleuve et permettant l’installation de promenades et de pontons sur ses rives.
Le programme d’origine, qui prévoyait également la création de nombreux éléments dédiés aux loisirs (piscine, rivière en eau vive, skate park, etc.), a progressivement été redimensionné autour d’une base nautique, abritée dans des grandes halles en bois installées en éventail le long d’une courbe correspondant au nouveau tracé des voies de tramways.
A hauteur d’une crue centennale
Un accent particulier a été mis sur la gestion des eaux pluviales. Après dépollution du sol par dépose de 30 cm de terre sur l’ensemble du terrain, celui-ci a été rendu perméable à 85 %. En cas d’orage, l’eau est absorbée par les prairies, mais passe aussi à travers les sols durs réalisés à partir de dalles bétons et de ciments concassés récupérés sur le site. Dans les zones de parking, des noues dépolluantes ont été mises en place. Le parc est situé sur une zone inondable faisant l’objet d’un PPRI (Plan de prévention des risques d’inondation). Les résultats des études entreprises pour maîtriser ces risques ont préconisé le dégagement d’une zone de libre circulation de l’eau, que les architectes ont matérialisé par un platelage de bois dont l’altimétrie correspond à la hauteur de crue centennale. Il constitue un vaste sol, espace public partagé entre les membres des clubs nautiques et les autres utilisateurs du parc. Les architectes ont privilégié cette option qui évitait la création d’une enclave clôturée.
Les eaux de pluies sont collectées au niveau des toitures des bâtiments du centre nautique et stockées dans une citerne de 80 m3. Elles serviront à l’arrosage du parc, et suite à l’agrément de la DDASS, à l’alimentation des chasses d’eau. Les eaux souterraines sont aussi mises à contribution : deux forages dans la nappe phréatique alimentent les pompes à chaleur des bâtiments du club-house, l’eau puisée étant ensuite réinjectée dans le bassin d’esquimautage (redressement d’un kayak chaviré) et la rivière artificielle bordant la grande prairie.
Ces dispositifs, alliés à l’utilisation de panneaux solaires photovoltaïques et thermiques, complètent la panoplie environnementale de ce nouveau parc, projet paysager mais qui évoque aussi le passé industriel du lieu par la forme de ses bâtiments de loisirs.
