Singulier, le canal d'évacuation des eaux en sortie de la station d'épuration de Mulhouse l'est à plus d'un titre : les matériels sont adaptés à la géométrie d'un projet original par sa taille, et l'étanchéité mise en oeuvre est particulière. Cette circulation à ciel ouvert s'opère dans la forêt de la Hardt, conformément aux normes de rejet, et en permettant une économie de 50 % par rapport à une conduite enterrée.
Après débroussaillage et désouchage, les terrassements de la plate-forme puis du fossé sont réalisés à la pelle. « Nous avons construit un godet adapté à la section trapézoïdale - 7,80 m de large en tête, 2,40 m au fond, 1,70 m de profondeur -, explique André Behr, chef de l'agence Eurovia de Mulhouse. Derrière, nous mettons en place un complexe d'étanchéité exceptionnel : un géotextile, puis une géomembrane bitumineuse Teranap (Siplast) associée à un second géotextile qui, lui, est contrecollé en surface, de façon à améliorer le coefficient de frottement entre la membrane et le béton, notamment sur les parois inclinées du canal. » De cette manière, le complexe est soulagé en traction et empêche le béton de glisser vers le fond du fossé. Le premier géotextile protège quant à lui la membrane contre la fissuration du béton et participe à la filtration en sous-face.
L'habillage du terrassement s'effectue avec deux lés placés longitudinalement et thermosoudés dans l'axe de l'ouvrage (longueur des tronçons : 65 m).
« Ces dispositions constituent une variante à la solution de base qui ne prévoyait que du béton, poursuit André Behr. Il fallait en effet répondre à deux contraintes de l'appel d'offres : l'étanchéité mécanique et chimique du canal. C'est la raison pour laquelle nous employons un béton à fumées de silice. »
Bloquer le béton frais en pente
Le béton contient par ailleurs des fibres synthétiques (du polypropylène), un plastifiant et un entraîneur d'air. « La formulation est contrôlée en permanence, pour maintenir un rapport E/C à environ 0,45, et un slump de 2 à l'exécution, rapporte Henri Brun, responsable du chantier de TSS. Le béton prêt à l'emploi fourni par la nouvelle centrale de Michel SA répond à ces exigences, grâce à la constance des paramètres. Le chantier est alimenté par des camions de 6 ou 8 m3, qui livrent en moyenne 350 m3 chaque jour. »
Le béton extrudé est coulé par une machine à coffrage glissant équipée d'un moule spécifique, capable d'évoluer en largeur selon les variations du tracé en plan. « Nous réalisons des joints de retrait tous les 6 m, par un trait de scie sur le tiers de l'épaisseur (10 cm sur le fond, 8 cm sur les parois), précise Henri Brun. Auparavant, un joint de dilatation est ouvert dans le béton frais tous les 30 m, jusqu'à l'étanchéité, avec introduction d'un Isorel de 2 cm. »
La section du canal varie pour conserver la surface hydraulique - 7,2 m3/s de débit maximal - et une pente supérieure à 0,06 %. Elle évolue par ailleurs au droit des passages à gibier et des ponceaux qui enjambent l'ouvrage. Toujours à l'endroit des animaux et sur recommandation de l'ONF, les parois en pente dessinent des redans parallèles à l'axe, pour leur permettre de remonter en cas de chute dans le canal.
FICHE TECHNIQUE
Maîtrise d'ouvrage : Sivom de l'agglomération mulhousienne.
Maîtrise d'oeuvre : DDAF 68.
Entreprises : Eurovia (mandataire), Urban TP, et TSS.
Fournisseurs : Siplast (étanchéité) et Michel SA (béton).
Marché : 30 millions de francs HT.
Délais : 10 mois par lot (trois lots).
PHOTO :
1. Une machine à coffrage glissant intervient sur un complexe d'étanchéité géotextile et géomembrane.
2. A l'arrière les parois sont lissées et les redans horizontaux contrôlés depuis un portique suspendu.
3. Les terrassements sont auparavant réalisés au moyen d'une pelle au godet spécialement usiné.