Village des athlètes, aménagement de la Ville de Paris, village des médias, etc. Les infrastructures liées aux Jeux olympiques et paralympiques (JOP) ont bénéficié aux entreprises de bâtiment et de travaux publics. Mais du 28 juillet au 11 août, puis du 28 août au 8 septembre pour les Paralympiques, Paris sera aussi le théâtre d'un ralentissement généralisé des travaux aussi bien dans la capitale qu’en petite couronne. En effet, la Ville de Paris a d'ores et déjà mis en place des restrictions concernant les travaux publics d’un côté, et les chantiers du bâtiment de l’autre (voir encadré).
Des restrictions différentes pour le bâtiment et les travaux publics
Les travaux publics subissent des restrictions de chantiers bien plus contraignantes que celles du bâtiment. Ainsi, tous les chantiers pourront continuer, et seront interdits seulement ceux dans les zones concernées (voir carte) et qui ont une emprise sur voirie entre le 15 juin et le 15 septembre.
Côté travaux publics, les restrictions sont plus importantes. Dès les 15 mars, plus aucune autorisation de démarrage de nouveaux travaux ne sera délivrée dans les zones aux abords des sites olympiques. Des interdictions qui s’étendront à l’ensemble de Paris entre le 15 juin et le 15 septembre. Enfin, certaines zones aux abords des sites olympiques subiront toujours des interdictions de travaux jusqu’au 30 octobre afin de faciliter le démontage des infrastructures.
Des entreprises et maîtres d'ouvrage frileux
Face à ces restrictions, certaines entreprises du bâtiment n’ont pas attendu pour s’organiser. C’est le cas de Sébastien Méha, dirigeant de l’entreprise de construction bois Méha Construction (94). « En août, notre activité tourne déjà au ralenti. Nous allons donc prolonger les vacances de trois semaines à un mois durant la durée des Jeux olympiques. » Mais Sébastien Méha a vu plus loin : « Tous les chantiers durant cette période sont signés depuis longtemps, et nous avons évité de nous positionner sur ceux à Paris et en petite couronne durant cette période. »
De fait, le chef d’entreprise reconnaît avoir « perdu quelques contrats. Certains clients ne souhaitaient par repousser leurs chantiers après la fin des JOP. » Un phénomène qui va dans les deux sens selon Philippe Servalli, président de la FFB-Grand Paris et dirigeant de l’entreprise Saint-Denis Construction (93) : « Alors que des entreprises étaient prêtes à engager des chantiers sur la période des JOP, ce qui est autorisé dans de nombreuses zones, certains maîtres d’ouvrages ne voulaient pas commencer les travaux avant la fin des jeux. »
L’entreprise Méha Construction a cependant un avantage de taille pour faire face à ce ralentissement : « Puisque nous préfabriquons en atelier des structures bois, nous pourrons avancer sur certains chantiers. »
Ces restrictions ne semblent en tous cas pas concerner la Ville de Paris, comme l’affirme Jacques Baudrier, adjoint à la maire de Paris en charge de la construction publique, du suivi des chantiers, de la coordination des travaux sur l’espace public et de la transition écologique du bâti : « Nous n’envisageons pas de reporter ou d’arrêter nos chantiers durant la période des JOP. »
Restrictions concernant les chantiers du bâtiment :
Des travaux publics à l’arrêt
En fonction des zones délimitées par la Ville de Paris, les chantiers du bâtiment devraient pouvoir continuer, ce qui n’est pas le cas des travaux publics. En effet, à part les urgences, tous les travaux sur voirie et de réseaux seront interdits entre le 15 juin et 30 octobre sur l’ensemble de Paris. « Il faut savoir qu’en Ile-de-France, l'activité des travaux publics est comprise entre 10 et 11 Mds € par an, dont 6 Mds € sur Paris et la petite couronne, informe Jean-Christophe Angenault, directeur du réseau et des relations institutionnelles à la Fédération nationale des travaux publics (FNTP). Les acteurs franciliens du secteur ne comptent cependant pas se laisser abattre, et certains envisagent même de continuer à travailler tout en étant extrêmement prudents. « Nous n’allons pas nous risquer à travailler en petite couronne, et allons privilégier les chantiers sur la grande couronne », explique Pascal Le Bris, directeur développement de l’entreprise de travaux publics SNTPP (94). Malgré les risques importants de ralentissement, il espère même pouvoir faire tourner l’entreprise comme l’accoutumée. Une confiance qui ne se retrouve pas chez tous les acteurs, à l’image de Francis Dubrac, président de Dubrac TP (93) : « Je ne me vois pas arrêter mon activité pendant quatre mois ! On est un peu démoralisé : combien de salariés doit-on garder ? Faut-il fermer nos centrales d’enrobées ? »
Plus que le manque d’activité anticipée, c’est le manque d’information qui inquiète le secteur. Les restrictions de travaux ont été actées par la ville de Paris, mais ce n’est pas le cas des villes de la petite couronne, qui abritent de nombreuses infrastructures et complexes des JOP.
Toujours est-il que cette périodes des JOP va impacter nécessairement les villes concernées : « La question est maintenant de savoir si les communes vont rattraper les investissements qui n’ont pas pu être réalisés durant les Jeux », conclut Jean-Christophe Angenault.