Une conduite par le fond du Rhin, c’est le chantier original que porte l’Eurométropole de Strasbourg (Bas-Rhin). Cette liaison sous le lit du fleuve constitue le maillon essentiel du projet que la collectivité a annoncé lundi : la transmission à l’un de ses réseaux de chaleur de la chaleur fatale (résiduelle) de l’aciérie BSW (Badische Stahlwerke) implantée à Kehl, la ville allemande qui fait face à la capitale alsacienne. D’une longueur d’environ 8,5 kilomètres, ce « caloduc » représente un investissement de 15 millions d’euros que l’Eurométropole et ses partenaires financeurs (la Ville de Kehl, le conseil régional du Grand Est et le Land allemand du Bade-Wurtemberg) escomptent mettre en service dans deux ans. La maîtrise d’ouvrage devrait en être confiée « à une société de droit français, probablement une SPL (société publique locale) », précise Robert Herrmann, président de l’Eurométropole.
Pourquoi une solution souterraine, alors que plusieurs ponts traversent le Rhin entre les deux villes ? « Les études préalables ont conclu que ces ouvrages ne suffiraient pas à supporter le poids d’un tel tuyau », explique Robert Herrmann. Au global, en tout cas, « ces études ont conclu à la faisabilité technique et économique qui nous conduit à signer (le lundi 13 mai 2019) un protocole d’accord pour la réalisation, le temps de lever les dernières questions juridiques et financières », ajoute l’élu. Les partenaires sollicitent notamment des subventions de l’Union européenne et de leurs deux Etats, via l’Ademe français et son homologue allemand.
Chauffer 4 000 logements et équivalents
Le projet implique également un investissement de 10 millions d’euros de BSW pour l’extraction de la chaleur de ses installations de production. Le sidérurgiste l’amortirait par sa rémunération de l’utilisation de cette part d’énergie inutile à son process.
Selon le protocole d’accord signé, l’industriel vendra dans un premier temps 80 gigawattsheure (GwH) par an, dont 35 Gwh à une centrale biomasse qui lui est voisine et 45 Gwh au réseau de chaleur strasbourgeois des secteurs Esplanade et Elsau. Ce volume permettra de chauffer 4 000 logements et équivalents. Un seuil qualifié de « minimal » dans cet accord, comme un premier pas vers une utilisation encore plus intensive.