Selon la formule désormais consacrée, la feuille de route à 10 puis 30 ans pour l’environnement et le climat de l’agglomération de Strasbourg (Bas-Rhin) a été lancée mercredi 18 décembre, sous la forme de l’adoption du Plan climat-air-énergie territorial par le conseil de l’Eurométropole.
Trois chiffres résument principalement les ambitions à court terme, d’ici à 2030 : - 40 % comme objectif de réduction des gaz à effet de serre par rapport à 1990, - 30 % de baisse des consommations énergétiques finales par rapport à 2012 et 40 % de part d’énergies renouvelables dans ces mêmes consommations.
Premier émetteur de CO2 comme ailleurs, le bâtiment se voit fixé le cap du niveau BBC (bâtiment basse consommation) pour l’ensemble de son parc, en 2050. Le Plan climat en chiffre les implications nécessaires pour la décennie à venir pour commencer.
Dans l’habitat, une cadence de 8000 rénovations BBC par an est nécessaire. Elle serait synonyme d’une forte accélération en comparaison des 1500 annuelles réalisées en ce moment à ce niveau de performance, sur un total d’un peu moins de 3000 rénovations énergétiques, souligne en préambule la délibération de l’EMS.
« Sur les 250 000 logements dans l’Eurométropole, près de 90 000 ont une étiquette énergétique E, F ou G », ajoute le texte. La création, l’an prochain, d’une agence locale de l’énergie et de climat doit notamment booster le bilan parmi les propriétaires privés particuliers, maillon faible.
Le tertiaire, lui, aussi part de loin, avec une étiquette E à G pour 55 % des surfaces de bureaux. De 2020 à 2030, le Plan climat demande la rénovation BBC de 500 000 m2 chaque année.
De façon générale, le Plan climat fixe des objectifs que les élus reconnaissent comme étant ambitieux, en soi et au regard chemin parcouru depuis 2009, année de mise en œuvre d’un premier Plan climat.
En effet, « celui-ci n’a pas créé l’effet de rupture et d’accélération attendu, malgré ses objectifs élevés », concède Catherine Trautmann, vice-présidente de l’Eurométropole (EMS) en charge du Plan climat.
La baisse des émissions de gaz à effet de serre a été, certes, de 30 % depuis 1990, mais elle doit beaucoup à la fermeture de la raffinerie de Reichstett. De plus, la couverture par les énergies renouvelables stagne à 14 % et la consommation d’énergie qui avait baissé un temps est repartie à la hausse depuis 2015.
Mieux associer et concerter
Afin d’inverser les tendances, l’EMS mise sur le plein effet d’actions plus récentes, à son initiative ou à celles d’autres acteurs publics ou privés, comme le développement de l’énergie biomasse, de la géothermie et des réseaux de chaleur urbains.
Plus fondamentalement, son président Robert Herrmann attribue implicitement le relatif échec à une insuffisante prise en considération des acteurs non-institutionnels : « Il nous faut davantage travailler avec les citoyens et les socioprofessionnels et mieux tirer parti des expériences des entreprises », déclare-t-il.
De ce point de vue, le nouveau Plan climat promet un changement de paradigme, qu’il structure dans l’organisation de son suivi et de sa mise en œuvre. « Ce n’est pas la collectivité seule qui le porte ni le définit, nous devons être, bien sûr, un aiguillon, par exemple par l’introduction de clauses environnementales dans les marchés publics, mais ne pas fonctionner de façon isolée », insiste Robert Herrmann.
La construction signe le Pacte
Le nouveau plan a posé les jalons d’une approche renouvelée, par une large concertation préalable. Le monde de la construction et de l’aménagement en a été un maillon majeur, à travers l’initiative Pacte (« Pour aménager et construire en transition écologique »).
Restituée en juillet dernier, celle-ci débouche sur quelque 70 engagements des promoteurs, bailleurs, copropriétaires privés, maîtres d’œuvre, entreprises et collectivités.
Exemples : travailler sur le confort d’été et les îlots de fraîcheur, raisonner en coût de global et pas seulement en prix de vente, systématiser l’analyse du cycle de vie des matériaux, porter la part des énergies renouvelables à 50 % dans les opérations d’aménagement, chercher « le bon mix de matériaux au bon endroit pour le bilan carbone » grâce au bois mais pas exclusivement.
Le Pacte regroupe désormais 105 signataires. Il inspire le projet de l’inscription d’une plus directive OAP (« Orientation d’aménagement et de programmation ») sur la qualité de l’air et l’eau dans la prochaine modification du plan local d’urbanisme, en 2021.