Accélérer et simplifier la rénovation : les 8 solutions de Saint-Gobain

En 2022, le PDG de Saint-Gobain, Benoit Bazin avait, devant l'ampleur de la tâche, appelé à un « plan Marshall » de la rénovation énergétique en France.

En effet, les deux-tiers des 36 millions de logements que compte le pays (et parmi eux 5 millions de passoires thermiques) ont été construits avant les années 90 et seront encore debout (à 80%) en 2050, année au cours de laquelle la France espère avoir atteint la neutralité carbone. Leur rénovation est essentielle, on le sait, mais freinée par trop de complexité technique, par un manque de confiance envers les professionnels, par une absence garantie de performance et par le poids du reste à charge pour les travaux.

Autant de freins qui ont pousséSaint-Gobain à travailler avec plusieurs acteurs de la filière pour trouver les moyens d'accélérer. Des solutions rassemblées dans un Livre blanc intitulé « Accélérer la rénovation énergétique en France - Huit recommandations concrètes » - publié le 2 octobre. 

« Pas besoin d'une nouvelle loi »

« Nos travaux ont abouti à une série de mesures simples, pragmatiques, venant du terrain et à mettre en oeuvre tout de suite », a assuré le directeur général adjoint de Saint-Gobain chargé de l'Europe du sud, de l'Afrique et du Moyen-Orient, Thierry Fournier, lors d'une présentation en avant-première à la presse, des conclusions du Livre blanc. « Ce n'est pas de la "rocket science", comme on dit aux Etats-Unis. Et il n'y a pas besoin de loi nouvelle, de décrets d'applications sans fin. C'est l'écosystème qui se met en action dans les territoires. »

La réflexion des groupes de travail a porté sur la rénovation en copropriété, la territorialisation de l'action - « girondiser » (par opposition à une organisation jacobine centralisée à Paris, ndlr) le système », selon les termes de Thierry Fournier -  et l'accélération des rénovations dans le diffus. Une série de recommandations a ensuite été déclinée pour chaque champ d'action.

Pour les copros, l'action passera (encore et toujours) par l'information et la formation des acteurs (les syndics de copropriété notamment), l'accompagnement « à 360° » des copropriétaires dans leur projet - « ce qui nécessite au préalable de simplifier le dispositif d'accompagnement et d'assurer la stabilité des aides », a rappelé Thierry Fournier - et surtout par « une planification de la mise à niveau du bâtiment ». « Il faut inscrire la politique de rénovation dans la durée », a-t-il plaidé.

La commune, la bonne maille

Afin d'accélérer la rénovation dans les territoires, les professionnels ont choisi de s'appuyer sur le bloc communal. « C'est vraiment la bonne maille à laquelle ramener le pilotage de la rénovation », a assuré Thierry Fournier. « D'ailleurs selon la dernière enquête que nous avons menée avec CSA auprès des élus, le logement est la première préoccupation de 36% d'entre eux. Il faut donc renforcer le bloc communal pour organiser les opérations de rénovation. Créer sous son égide un écosystème local porteur d'une offre globale et performante.»

Enfin, pour passer la barre des 10 000 rénovations annuelles de maisons individuelles - « ce qui n'est pas assez au vu des 20 millions de maisons que compte le pays », a pointé Thierry Fournier  - il faut s'attaquer au problème du reste à charge, toujours trop élevé. Le livre blanc propose tout d'abord de simplifier et renforcer les dispositifs de financement. « Et cela ne pourra se faire sans les banques », a insisté le dg-a de Saint-Gobain. « Elles pourraient proposer un prêt bonifié garanti par le résultat sur facture ou par l'Etat », imagine-t-il.

Les professionnels envisagent ensuite de favoriser la rénovation lors des mutations de maisons individuelles classées "passoires thermiques". « En allant au bout de la logique, on pourrait inventer la "vente en l'état futur de rénovation"», anticipe Thierry Fournier. Enfin, il est proposé d'encourager les échanges locaux entre acteurs de l'écosystème et la mise en place de réseaux de coopération pour maximiser l'efficacité des initiatives et projets en cours.

En conclusion et alors que le Premier ministre Michel Barnier s'apprêtait à prononcer son discours de politique générale axé sur les économies budgétaires, le directeur général adjoint de Saint-Gobain a tenu a faire passer un message : « J'aimerais insister sur un point : la rénovation énergétique globale est un sujet stratégique, pas budgétaire. Ce n'est pas un coût mais un investissement sociétal. »