Agée d’à peine vingt ans, Afitex a déjà vécu deux vies. Fondée en 1992 par Yves Durkheim (49 ans) et son associé Didier Benamu (53 ans), l’entreprise a commencé par commercialiser les produits du groupe Sommer Allibert, dans le domaine de l’étanchéité et du drainage. « Puis en 2001, l’industriel nous a annoncé qu’il allait arrêter l’activité », relate Yves Durkheim, président de la société. L’entreprise compte alors six personnes et doit repenser entièrement son mode de fonctionnement pour devenir une société industrielle. 2002 sonne donc comme une renaissance pour Afitex, qui décide de mettre au point de nouvelles solutions de drainage et de les vendre au plus grand nombre, partout dans le monde.
Une politique active en matière de recherche et développement permet à la société de réaliser aujourd’hui 80 % de son chiffre d’affaires sur la base de produits qui n’existaient pas en 2002. Des produits sur mesure pour la plupart, que l’entreprise adapte à chaque problématique rencontrée par ses clients, comme ce fut le cas notamment sur la tour Oxygène de Lyon, pour laquelle il a fallu traiter le système de drainage des fondations. Leurs solutions « difficiles à vendre », les fondateurs d’Afitex ont tôt fait de les promouvoir à l’étranger. « Cela a démarré par l’Europe, car il nous semblait à la fois plus facile et plus pratique de travailler, dans un premier temps, autour de notre propre pays », explique Yves Durkheim.
L’obtention du marquage CE de ses produits et la constitution d’un réseau de distributeurs permettent à la société d’être rapidement présente sur une large zone européenne : Espagne, Royaume-Uni, Italie, Europe centrale… Puis ce sera l’Algérie, en 2004, grâce à une personne rencontrée sur place et qui leur a « donné confiance ». Afitex Algérie est aujourd’hui le leader dans le domaine des géosynthétiques. « A chaque fois que nous nous ennuyons, nous prenons des risques, s’amuse Yves Durkheim. Et une fois que cela fonctionne, nous tentons de nouveau quelque chose ! »
« Acquérir de la valeur ajoutée »
Parallèlement à son déploiement à l’international, l’entreprise poursuit ses investissements en matériels, à l’image des 3 millions d’euros dépensés en 2006 pour permettre à Afitex de fabriquer elle-même ses nappes textiles. « Ces investissements sont en cohérence avec notre développement international, explique le président, car ils nous permettent d’acquérir de la valeur ajoutée. En effet, plus nous rendons nos produits techniques et intelligents, mieux ils voyagent. »
Traditionnellement reconnue comme un levier d’exportation, l’innovation a permis à Afitex un développement « à grande vitesse ». Mais elle a aussi contribué à accroître le challenge : « Pour être reconnue, une technologie doit être utilisée le plus possible, dans le plus de pays possibles », argue le cofondateur. L’océan Indien (pour sa proximité avec des pays tels que l’Afrique du Sud ou Madagascar), le Canada (pour conquérir l’Amérique du Nord), ou encore le Maroc sont autant de zones où l’on trouve aujourd’hui des filiales Afitex. « C’est bien souvent la taille du pays qui détermine s’il y a un intérêt stratégique à être présent via une filiale ou si un distributeur suffit, explique Yves Durkheim. Mais pas seulement. En Afrique par exemple, les chantiers sont peu récurrents et ne nécessitent pas de présence en continu. »
Lorsque l’on souligne l’exemplarité de ce développement à l’international pour une PME française, Yves Durkheim se contente de répondre qu’il vit là une « belle aventure industrielle », poussée par un savoir-faire qu’il entend montrer aussi largement que possible. « Si l’on a un bon produit à vendre, il ne faut pas avoir de complexe pour le vendre au-delà de nos frontières », conclut-il.
