Trois villes moyennes d'Alsace sont engagées simultanément dans la restauration d'imposantes églises. Ces interventions au long cours sont d'une ampleur inégalée depuis des décennies. A Sélestat (Bas-Rhin), l'édifice gothique dédié à Saint-Georges entame, en ce début juillet, la deuxième des quatre tranches d'une opération d'un montant total de 8 M€ HT sous la houlette de l'architecte en chef des monuments historiques Stefan Manciulescu. Pendant les dix-huit prochains mois, les travaux vont concerner l'ensemble du massif occidental, dont la tour avait été traitée lors de la phase initiale achevée fin 2024.
La crainte de réduction de subventions publiques qui s'était profilée alors avait amené la Ville, maître d'ouvrage, à envisager une longue mise en suspens de la nouvelle étape. Celle-ci a finalement été déclenchée grâce à l'apport par le conseil de fabrique de la paroisse des 250 000 euros qui manquaient pour boucler le tour de table, limitant à « 20 % la part restant à notre charge », précise Patrice Dollé, directeur du pôle immobilier de la Ville. Les finances conditionneront à nouveau le calendrier des deux dernières tranches aux entreprises (1).
Autre église Saint-Georges, également construite au XIIIe siècle, celle d'Haguenau (Bas-Rhin) fait l'objet d'une restauration (2) jusqu'à la fin de cette année, pour un montant d'1,3 M€ TTC. Au programme figurent la révision complète et le changement partiel des couvertures d'ardoises et tuiles, la réfection d'enduits, ou encore le nettoyage complet des éléments en grès avec remplacement des plus dégradés. Les échafaudages d'Hussor Erecta installés en 2024 pour le chœur et le transept se sont à présent déplacés vers la nef et les bas-côtés. Cinq statues seront recréées en grès jaune et rose de Bitburg et Niderviller, copies de celles qui avaient été transférées en 1913 dans le musée historique municipal.
Contraintes budgétaires
Enfin, à Guebwiller (Haut-Rhin), l'église Notre-Dame datant de 1785 constitue un emblème régional du néogothique. Pointant des infiltrations et de nombreux défauts de jointure menaçant la solidité de la structure, le diagnostic de 2017 a déclenché un lourd programme chiffré à 15 M€ TTC (3). Les six tranches de la partie extérieure, prioritaire, devaient se dérouler jusqu'en 2028. Or, « la révision à la baisse des taux de subvention de la Drac nous amène à repousser l'échéance de trois ans, car nous ne voulons pas dépasser le seuil plancher de participation de 20 %, au risque de devoir renoncer à d'autres investissements », expose Claude Muller, adjoint à l'urbanisme.
Pour autant, le chantier progresse. Après quatre années de travaux successivement sur l'arrière de l'édifice, la tour nord et l'entrée avec réaménagement du parvis, la restauration de l'aile sud, en particulier la reprise de la charpente, a débuté en mai. Comme à Sélestat et Haguenau, malgré les aléas financiers, climatiques ou techniques, la mairie garde la foi pour aller jusqu'au bout.
(1) Léon Noël (maçonnerie, pierre de taille), Art et Technique du bois (charpente, menuiserie), Chanzy-Pardoux (couverture), Tollis (sculptures) et Orpimento (polychromie). (2) Architecte du patrimoine : Atelier Oziol-de Micheli. Entreprises : Chanzy-Pardoux et Rauscher. (3) Richard Duplat (ACMH), Scherberich MH (maçonnerie, pierre de taille, statuaire), Chanzy-Pardoux (charpente), Bilz (couverture), Atelier Art du vitrail (vitraux).