Alsace et Franche-Comté Energivie rassemble les constructeurs économes en énergie

Les journées Energivie, manifestation consacrée aux bâtiments à basse consommation, s’ancrent à Mulhouse et prennent de l’ampleur. Du 20 au 24 mai, les professionnels échangent expériences et projets pendant trois jours, puis rencontrent le grand public.

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Avec les soutiens de la Capeb et de la FFB qui rejoignent les collectivités et établissements publics locaux, régionaux et nationaux, le second rendez-vous mulhousien du bâtiment économe en énergie renforce son assise institutionnelle, dans un territoire porteur : « Les mutations industrielles que connaît le sud de l’Alsace facilitent la mobilisation autour d’une nouvelle identité », estime Adrien Zeller. Le président du conseil régional d’Alsace souligne les atouts géographiques liés non seulement à la proximité de l’Allemagne et de la Suisse, qui accueillent plusieurs visites professionnelles les 20 et 21 mai, mais aussi à celle de la Franche-Comté.

La voisine du sud fait partie, tout comme l’Alsace, des quatre régions fondatrices du collectif national Effinergie présidé par Antoinette Gillet, vice-présidente du conseil régional de Franche-Comté. Une douzaine de conseils régionaux l’ont rejoint depuis 2006. L’an dernier, les premières journées Energivie avaient servi de rampe de lancement au référentiel français en basse consommation, formalisé par le Centre scientifique et technique du bâtiment à la demande du collectif. Cette année, le ministre Jean-Louis Borloo pourrait profiter de l’occasion pour préciser le rôle pilote de l’Alsace dans les suites du Grenelle de l’environnement.

La mobilisation conjointe de l’Agence locale pour la maîtrise de l’énergie (Alme) et de la foire expo de Mulhouse s’ajoute aux atouts du territoire et au contexte national favorable : « Quand nous avons créé l’Alme il y a dix ans, nous avons tout de suite senti la nécessité de nous allier avec la région, pour booster l’offre et sécuriser le public », commente Roger Imbéry, président de l’agence. L’Alme a joué le rôle de garant scientifique et technique du sérieux de la centaine d’exposants présents aux journées.

Une star européenne

L’événement mulhousien mettra au grand jour le programme Energivie. Il a justifié en février la désignation de l’Alsace comme la RegioStar de l’innovation, parmi 71 propositions éligibles. « L’Union européenne a salué la continuité d’une politique qui, depuis son lancement en 2003, n’a pas cessé de s’amplifier », souligne Jean-Luc Sadorge, directeur de l’agriculture, de la forêt, du tourisme et de l’environnement au conseil régional d’Alsace. Cette amplification s’est notamment traduite par la création, fin 2006, du cluster régional Alsace Energivie. La présidence confiée à Pierre-Etienne Bindschedler, P-DG de Soprema (voir son interview page ci-contre), leader mondial de l’étanchéité du bâtiment basé à Strasbourg, souligne l’un des espoirs portés par le cluster : renforcer la composante industrielle de l’économie régionale du bâtiment à basse consommation.

La montée en puissance d’Energivie suscite pourtant des impatiences : « Un mi-temps ne suffit pas pour animer le cluster », estime Franck Soccio, éco-conseiller de la FFB. La question des moyens humains se pose aussi pour le projet de centre de ressources de la qualité environnementale du cadre bâti en Alsace, qui devrait voir le jour cette année sous la présidence de Pierre Macchi, président de la fédération du BTP du Haut-Rhin.

Un chargé de mission du conseil régional partagera son temps entre la direction de cet organisme et le pilotage d’Ilete (1), un nouveau programme européen coordonné par l’Alsace et auquel participent huit régions autour d’un objectif de formation initiale et continue au bâtiment à basse consommation.

Freins à débloquer

« Nous n’apporterons pas notre blanc-seing à un outil dont les missions ne seraient pas clairement définies, alors que les besoins d’information et de formation appellent des réponses professionnelles, des militants associatifs ne peuvent pas les assumer », tempête Maryline Sire, architecte et présidente d’Alsace Qualité Environnement, association qui a pourtant lancé le projet de centre de ressources en 2006.

Une autre source de préoccupation concerne le manque d’entrain des artisans pour saisir l’offre de formation à la rénovation énergétique des bâtiments. Alors que les subventions rendent ces formations financièrement indolores et malgré les vigoureuses campagnes orchestrées par la FFB Alsace autour de l’enjeu prioritaire du Grenelle de l’environnement, l’institut de formation et de recherche du BTP peine à remplir ses sessions, surtout dans le nord de la région. A l’exception notable des douze immeubles anciens rénovés par la Société d’équipement de la région mulhousienne dans le cadre du grand projet de ville de Mulhouse, le marché manque de références de réhabilitation énergétique.

Les nouvelles sont plus rassurantes provenant de la FFB de Franche-Comté où dix modules de deux jours ont attiré 107 stagiaires. Dans cette région, le second appel à projets basse consommation a abouti, le 15 avril, à sélectionner douze réhabilitations : il s’agit de six maisons individuelles, 129 logements collectifs, deux bâtiments tertiaires, de la transformation d’une ferme en mairie, soit un total de 9 169 m2.

Crise de croissance dans le mouvement vers le développement durable ? Adaptation difficile des corporations alsaciennes de droit local à l’approche globale préconisée par le Grenelle de l’environnement ? « Le vieux n’est pas mort et le neuf n’est pas né. Dans vingt ans, à l’heure des bâtiments à énergie positive, nos successeurs riront de nos journées basse consommation », prophétise Jo Spiegel, président de la communauté d’agglomération de Mulhouse Sud Alsace (Camsa) et chef d’orchestre du plan climat couronné le 30 avril par le trophée Territorial GMF Gazette. Le président Zeller reste confiant dans la capacité d’innovation des territoires : « Dans cette période encore mouvante qui impose un effort soutenu en recherche et développement, il n’y a plus de solution unique : les réponses combinent plusieurs énergies et varient d’un territoire à l’autre. La nouvelle économie énergétique sera forcément décentralisée : les écologistes l’avaient d’ailleurs compris bien avant les autres ».

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