Si Mouans-Sartoux (10 000 habitants) a fait partie en 2017 des villes pionnières du dispositif projets alimentaires territoriaux (PAT), la commune, située entre Cannes et Grasse dans les Alpes-Maritimes, s'était engagée dans cette voie dès la fin des années 1990. La ferme municipale constitue l'épicentre de la politique volontariste d'autonomie alimentaire de la commune. Créée en 2011 sur un domaine de 6 ha préemptés par la collectivité, elle dispose de bâtiments agricoles et d'une bâtisse de 300 m² datant du XIXe siècle.
Devenue en 2016 la Maison de l'éducation à l'alimentation durable (Maed), elle a pour mission de transposer le projet alimentaire scolaire à l'échelle de la ville. Aujourd'hui, trois agriculteurs salariés y produisent 25 t de légumes bio par an. De quoi préparer les 1 300 repas servis chaque jour dans les trois groupes scolaires.

Une première phase de rénovation et de réhabilitation d'environ 100 000 € a permis d'aménager le rez-de-chaussée de l'édifice en salles de classe, espaces de rencontre et cuisines pédagogiques. La seconde, qui s'intéressera aux étages, devrait intervenir l'an prochain. Le cahier des charges prévoit la création de salles de réunion supplémentaires, de bureaux ainsi qu'un volet accessibilité. La consultation auprès des architectes sera lancée en janvier.
Le rez-de-chaussée du bâtiment accueille également le service municipal qui pilote le PAT de la ville. Celui-ci a été labellisé en février 2022 niveau 2, ce qui correspond aux projets qui entrent en phase opérationnelle. Parmi les cinq grands axes, l'installation de nouveaux agriculteurs tient le haut de l'affiche. La collectivité a en effet modifié son PLU pour tripler ses surfaces agricoles, passant de 40 à 112 ha, dans le but de répondre aux besoins de la population en approvisionnement bio et local.

Des friches urbaines transformées en potagers. Dans le cadre du plan de relance, une enveloppe de 300 000 € a été obtenue pour financer la création d'un poste d'animateur foncier, accompagner les porteurs de projets qui disposent de parcelles tests ou encore améliorer l'accès à l'eau des terrains à travers la réalisation d'un forage. Un hameau agricole, destiné à loger à bas coût les futurs agriculteurs, est par ailleurs en projet. La commune travaille également à la renaturation d'espaces urbains à l'abandon en les transformant en potagers collectifs et participatifs. Cinq ont vu le jour depuis le lancement de l'opération en 2021, occupant des surfaces de 70 à 250 m².

L'autre grand pilier du projet alimentaire territorial de Mouans-Sartoux tient au partage d'expérience avec d'autres territoires. Différents dispositifs ont été créés, de la visite d'une journée à l'accompagnement au long cours, à l'image des projets nationaux (Cantines durables-Territoires engagés) et européens (BioCanteens) grâce auxquels neuf collectivités françaises et dix villes européennes ont pu mettre en place leur PAT en mobilisant le levier cantine. La Maed accueille également la première formation universitaire de chef de projet en alimentation durable, option collectivité territoriale. Celui-ci est délivré par l'université Côte-d'Azur, à Nice, qui a formé en cinq ans plus de 90 personnes.