Amiante : le repérage au cœur des préoccupations

Diagnostic -

Repérer des fibres d’amiante invisibles à l’œil nu et intégrées dans toutes sortes de matériaux de construction reste une étape essentielle avant des travaux. Très souvent critiquée, elle est pourtant capitale pour l’avenir des projets de rénovation.

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La réglementation en matière d’amiante ne cesse d’évoluer. Le projet du moment concerne l’adoption de l’article L. 4416-1 du Code du travail, lié aux pouvoirs de l’Inspection du travail. Ce texte demandera aux donneurs d’ordre ou à défaut aux propriétaires d’immeubles, d’équipements ou de matériels d’y rechercher la présence d’amiante préalablement à toute opération comportant des risques d’exposition. « Cette proposition de loi n° 1848 devrait être votée en cette fin mai », précise François Brassens, consultant manager du pôle déconstruction-désamiantage du groupe Artelia. Parallèlement, la norme sur le repérage des matériaux et produits contenant de l’amiante () est en cours de révision. S’il s’agit globalement d’un toilettage du texte, les débats portent surtout sur la reconnaissance de la spectrométrie proche infrarouge comme technologie permettant de sécuriser les opérations de repérage de l’amiante. Cette technologie utilisée par le MicroPhazir (lire l’encadré ci-dessous) ne fait pas l’unanimité. « Entre les mains d’un mauvais diagnostiqueur, cet appareil risque de le déresponsabiliser et de créer des erreurs », estime Jean-Philippe Carpentier, directeur du groupe Iram, spécialisé dans le désamiantage.

Des découvertes qui coûtent cher

« Quelles que soient les précautions prises en amont, il y a souvent des découvertes sur les chantiers », estime Thierry Hanshaw, responsable de programmes chez Gecina. Il prend l’exemple d’un immeuble qui vient d’être désamianté à Boulogne-Billancourt : « Les sondages destructifs ont mis en évidence de l’amiante dans la couche de ragréage. » Les résultats des diagnostics complémentaires ont eu pour conséquence de doubler le prix du désamiantage. Les coûts sont passés de 47 euros HT le m² à 95 euros HT le m². En effet, les quantités d’amiante à évacuer ont été revues à la hausse. Estimées à 85 t avant les opérations de désamiantage, elles se sont finalement élevées à 135 t, ce qui augmente les coûts de transport et de traitement. Un autre élément pénalisant est celui des délais, puisque toute analyse qui revient positive du laboratoire entraîne des vérifications, de nouveaux tests et d’autres prélèvements afin de localiser la zone. « Or les délais d’analyse sont compris entre quinze jours et un mois, pendant lequel le chantier est ralenti », déplore Gildas Rozé, maître d’œuvre désamiantage sur l’opération. Comment limiter les risques et les surprises sur chantier ? Daniel Ferrand, directeur technique chez Socotec, responsable des 170 opérateurs de repérage du groupe, rappelle que chaque individu est certifié personnellement après un examen qui comprend une épreuve théorique et une épreuve pratique. « Un bon repérage nécessite une solide expérience des procédés de construction, note-t-il. Pour autant, il reste difficile de rendre prédictif ce qui a été réalisé de façon aléatoire. » Il plaide aussi pour une présentation orale des rapports de repérage à la maîtrise d’ouvrage. « Nous sommes souvent confrontés à des entraves avec, par exemple, des portes fermées dont les clés sont perdues. Malgré notre souci d’exhaustivité, certaines zones sont ainsi inaccessibles. Une présentation du rapport permettrait d’insister sur les limites du repérage et les hypothèses retenues par l’opérateur. » Même son de cloche chez Provexi, où le dirigeant Franck Lecoq estime que « dissocier les investigations de leurs périmètres est une hérésie, puisque cela indique la fiabilité du rapport ». En l’occurrence, les ingénieurs passent au crible, pour le compte de sociétés foncières, toutes les données disponibles sur un bâtiment (plans, rapports de repérage étendus) et vérifient la cohérence de l’ensemble. « En dix ans, la part d’incohérence est passée de 50 à 25 %. »

Afin d’améliorer encore la fiabilité du repérage et de favoriser la montée en compétence des opérateurs, François Brassens préconise que les organismes certificateurs certifient des techniciens de la construction et que les maîtres d’ouvrage exigent l’utilisation de la norme dans le repérage.

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