AMIENS Quinze chantiers publics pour inverser l'image des quartiers nord

Le renouvellement des quartiers nord d'Amiens s'effectue à vitesse lente, sans partenaires privés. La création de nouveaux équipements et la requalification des espaces publics ont précédé les opérations de démolition-reconstruction de logements.

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Après dix ans d'études et d'actions dispersées liées à la politique de la ville, la zone franche et le grand projet de ville ont enclenché quinze chantiers publics dans les quartiers nord d'Amiens. « Nous avons tout mis en place pour inverser leur image négative », estime Jean-Luc Godard, responsable de l'atelier d'urbanisme et de paysage de la communauté d'agglomération Amiens-Métropole. Les quartiers nord abritent 25 000 des 135 000 Amiénois, sur un plateau situé entre la ville basse historique, les champs et les usines. Bâtiments, sols et voirie appartiennent à l'OPAC d'Amiens, bailleur unique. Le renouvellement, conçu par l'architecte-urbaniste François Grether, se joue sur cinq axes : multiplier les équipements publics, offrir une architecture forte, susciter la mixité sociale, créer des liaisons internes et des parcs, tout en gardant une démarche souple et ouverte. Les équipements publics neufs sont concentrés à l'ouest, dans la partie la plus favorisée. Sont apparus depuis 1998 deux hôtels d'entreprises, un « village » destiné aux PMI, un studio pour les musiques amplifiées, une mairie annexe enrichie de services et une pépinière d'entreprises. Sont aménagés le théâtre du Safran et l'esplanade qui le relie au centre commercial (2,5 millions d'euros). Démarrent le collège neuf et le gymnase (12,5 millions d'euros), la rénovation des deux stades et la refonte du second collège. « Il fallait poser les équipements avant la démolition de logements, qui pouvait être perçue comme un acte négatif », dit Jean-Luc Godard. Deux tours vont être abattues dans le quartier test et deux autres plus loin. « L'architecture doit être forte, la qualité des matériaux et des espaces aussi prestigieuse qu'au centre », affirme le maire Gilles de Robien. Il a retenu un architecte par opération, en mêlant des professionnels de notoriété nationale - Alain Sarfati, Serge et Lipa Goldstein - à des concepteurs locaux, comme Gilles Duez/Roland Gaignard, Serge Gasnier/François Gossart et Jacques Richard. Un concours d'archi- tecture porte sur 100 logements dans le quartier test, mais les divergences entre les partenaires du GPV sont sensibles. Le maire souhaite une architecture forte, tandis que l'OPAC se méfie de l'originalité : « Nous cherchons surtout des produits faciles à entretenir », explique Jean-François Alloneau, responsable des opérations. Quant à François Grether, il veut « mélanger les tailles, les matériaux et les formes, avancer au coup par coup, garder en tête qu'un jour l'espace en herbe entre les immeubles uniformes pourra être perçu comme la pelouse d'un quartier résidentiel. » L'espace public est resserré à dimension humaine, l'avenue de la Paix réduite à la largeur d'une rue où l'on inaugure des lieux de stationnement arborés. Reste à mettre en valeur des places, à raccorder les avenues entourant Amiens nord aux boulevards historiques de la ville, à faire disparaître culs de sacs et terrains vagues autour des stades et du centre commercial. Dans les dix ans, deux projets devraient accélérer le processus : l'arrivée des étudiants et le parc. Reste que, faute d'investisseurs, on avance au rythme des ressources, pas des besoins », observe François Grether. L'urbaniste et la paysagiste Jacqueline Osty prévoient aussi des transitions entre les immeubles, des jardins ouvriers, des stades, des champs et les vergers. « Une manière de traiter les abords de la ville ».

FICHE TECHNIQUE (page 144) :

Grand projet de ville Amiens-Nord

Maîtrise d'ouvrage : Amiens Métropole

Maîtrise d'oeuvre : François Grether, urbaniste

Théatre du Safran

Maîtrise d'oeuvre : Jacques Richard, architecte

Livraison : 1998

Esplanade Guynemer

Maîtrise d'oeuvre : François Grether, architecte- urbaniste ; Jacqueline Osty, paysagiste

Livraison : juin 2002

Coût : 3,2 millions d'euros

Stade Jean Bouin

Maîtrise d'oeuvre : Jacques Richard

Livraison : 2003. Coût : 1,98 million d'euros

Deuxième hôtel d'entreprises

Maîtrise d'oeuvre : Hervé Dufau et Nicolas Gruson, architectes

Livraison : septembre 2001. Coût : 3,61 millions d'euros

Pôle d'activités et de services

Maîtrise d'oeuvre : Lipa et Serge Goldstein

Livraison : mars 2002

Avenue de la Paix

Maîtrise d'oeuvre : François Grether, architecte- urbaniste ; Jacqueline Osty, paysagiste

Livraison : 1ère tranche en 2001, 2e tranche en 2003

Coût : 8,38 millions d'euros

Démolition des tours Logirep et Chardin

Maîtrise d'ouvrage : Opac d'Amiens

Maîtrise d'oeuvre : consultation pour une centaine de logements en cours

Réhabilitation du collège César Franck

Maîtrise d'ouvrage : conseil général de la Somme

Maîtrise d'oeuvre : Serge Gasnier/François Gossart

Livraison : fin 2003. Coût : 6,46 millions d'euros

Construction du collège Arthur Rimbaud

Maîtrise d'ouvrage : ville d'Amiens

Maîtrise d'oeuvre : Alain Sarfati, architecte

Livraison : rentrée 2003. Coût : 10,67 millions d'euros

PHOTOS PLAN :

Vue aérienne des quartiers nord d'Amiens.

Restructuration de l'avenue de la paix.

Le quartier Flesselles, état existant (à gauche) et projet de restructuration (à droite).

Equipements et espaces publics ont précédé les opérations de logements.

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