Aquitaine Développement inégal des énergies renouvelables

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
PLAN - 5346 SO eole.eps

Alors que se tient à Bordeaux, mardi 16 mai, la deuxième édition de Decid Energie, la rencontre régionale des acteurs publics et privés de l’énergie dans la région, les initiatives se multiplient sur le front des énergies renouvelables.

Celles-ci sont encouragées par la région. Annexe au contrat de Plan Etat-région, le programme régional aquitain de l’environnement prévoit 42 millions d’euros d’aides sur la période 2000-2006. Pour la maîtrise de l’énergie et la promotion des énergies renouvelables, la part de la région est de 780 000 euros en 2003, 1 million en 2004 et 1,7 million en 2005.

Les objectifs et les enveloppes déterminant la part Etat et région du prochain programme qui sont encore en cours de discussion vont être bientôt déterminés. Le programme devrait compter une contractualisation avec l’Ademe pour les actions climatiques et une deuxième, en annexe sur des thématiques telles que l’Agenda 21, les achats « éco-responsables » ou l’engagement environnemental des entreprises.

Biomasse : des projets structurants. Parmi les opérations de promotion de l’énergie renouvelable déjà en place, le Plan bois énergie en Dordogne, qui a fêté ses dix ans en février, est le plus abouti, en raison du nombre de sites concernés et de l’organisation de la filière d’approvisionnement. Unique lauréat aquitain du concours national des plans Bois Énergie en 1996, le plan de la Dordogne a vu l’équipement de 14 sites de 1998 à 2005 : des chaufferies centrales d’établissements du secteur tertiaire (hôpitaux, maisons de retraite), du patrimoine bâti des collectivités locales, ainsi que des réseaux de chaleur des bâtiments communaux. En 2006, six sites sont équipés : Douville, Sarlande, Rouffignac et Villamblard, la chaufferie centrale de la cité scolaire de Ribérac et celle de l’auberge de jeunesse de l’abbaye de Cadouin. Ce plan représente une puissance totale de 6 140 kW, près de 7 millions d’euros d’aide ont été injectés payés à plus de 70 % par le département, la région, l’Ademe et l’Union européenne.

Le dispositif a permis aux propriétaires forestiers de se constituer en coopérative d’utilisation de matériel agricole (Cuma). « La filière s’est structurée autour de la plaquette forestière produite par les Cumas locales qui tournent avec du matériel itinérant », indique Sylviane Ranoux, chef de service technologies de l’environnement au conseil régional. Les coopératives agricoles du bois (Cafsa et Cofogar) sont également les acteurs incontournables du projet de la société girondine Sorea Energies… mais de concert avec la distillerie Douence. En effet, la société attributaire de deux des quatorze projets retenus dans le cadre de l’appel d’offres bioélectricité de janvier 2005 a choisi de produire de l’énergie à partir de la gazéification de marc de raisin (60 %) et aussi de rémanents forestiers (40 %). Les unités de production de Marcillac et Saint-Genès-de-Lombaud (Gironde) « sont proches du passage en enquête publique et devraient entrer en service en 2008 », précise Thierry Pousse, dirigeant de Sorea. Portées par des acteurs de l’énergie, les unités constituent un investissement unitaire de 28 millions d’euros. Le prix de revente garanti par EDF est de 8,6 centimes par kW/h pendant quinze ans. D’ici là, la SARL Sorea aura participé à un deuxième appel d’offres bioélectricité à venir.

Avantage Poitou-Charentespour l’éolien. Réalisé en 2001 et 2002 par la société Valorem (Gironde), l’atlas éolien de l’Aquitaine (voir carte) indique un paysage doublement contraint par le petit nombre de gisements, et par leur localisation sur la partie côtière, où les possibilités d’exploitation sont réduites. « En Dordogne et en Lot-et-Garonne, il n’y a pas de potentiel. Il en existe dans les Pyrénées-Atlantiques, sur la côte, mais la loi Littoral et l’habitat très dense de la Côte basque limitent les possibilités », précise Pierre Girard, dirigeant de Valorem. Les principaux gisements de la région se situent off-shore et à la Pointe du Médoc. Le projet off-shore porté en 2004 par Eco Delta Développement n’a pas abouti. « Un nouvel appel d’offres est en cours. Il faudrait traiter ce projet comme en Allemagne avec des implantations où la collectivité a le retour sur investissement », précise Eric Aufaure, animateur du pôle énergies à l’Ademe Aquitaine. Au Verdon, le devenir de l’implantation de cinq éoliennes par la société Pro-Energie Conseil sur un terrain du Port autonome de Bordeaux est précisément entre les mains de la communauté de communes Pointe du Médoc qui privilégie aujourd’hui la procédure du schéma de cohérence territoriale. Statu quo aquitain momentané ? « La cartographie du potentiel éolien régional est en cours de réécriture en fonction des technologies qui développent plus de puissance », précise Eric Aufaure.

En Poitou-Charentes, plusieurs parcs éoliens sont en activité. Le potentiel y est nettement supérieur. Tout comme la volonté politique. La région y a fondé un schéma éolien – qui fixe un objectif à 2010 de développement à hauteur de 330 MW, soit entre 25 et 40 parcs et 10 % de la consommation régionale d’électricité – et une charte applicable aux acteurs de la filière. Au parc de six éoliennes de Saint-Crépin (Charente-Maritime), actif depuis 2004, devraient s’ajouter prochainement plusieurs sites. Au 1er mars, le permis avait été délivré pour ceux de Saint-Germain-de-Longue-Chaume, Mauléon, Trayes, Saint-Pompain et Saint-Martin-lès-Melle (Deux-Sèvres) ainsi que pour Bernay-Saint-Martin, Péré, Saint-Germain-de-Marencennes et Genouillé (Charente-Maritime).

Microdiffusion du solaire. Energie renouvelable la plus fortement aidée, le solaire a de fait trouvé la faveur du plus grand nombre de particuliers. « En 2005, 640 forfaits ont été alloués à des particuliers sur des installations de chauffe-eau solaires en Aquitaine », note Sylviane Ranoux, chef de service technologies de l’environnement à la région. Elle alloue 700 euros par installation, complétés par un crédit d’impôt de l’Etat de 40 % du matériel pour une résidence principale. « Plus de 1 000 installations sont faites tous les ans par quelque 200 installateurs adhérents du dispositif national Qualisol. C’est conséquent, mais l’Aquitaine est en retard par rapport à Rhône-Alpes ou Midi-Pyrénées », précise Eric Aufaure. Le nombre d’installations pour le chauffage solaire est moindre, mais des initiatives émergent. Ainsi, l’office HLM Gironde Habitat équipe en 2006 la moitié des constructions individuelles de chauffage solaire, soit 200 unités. « Pour l’habitat collectif, l’équipement (environ 30 opérations par an) se fait dans le cadre de réhabilitations, pas forcément dans l’ancien, avec l’utilisation du plancher chauffant. » La part du photovoltaïque en Aquitaine est encore moindre, avec une dizaine d’installations par an. On note toutefois l’équipement de la déchetterie de Rimons (Gironde) par un générateur de capacité de 600 W, ce qui a évité le surcoût de raccordement au réseau. Dans les Pyrénées-Atlantiques, deux pompages d’eau potable dédiés à l’activité pastorale ont été électrifiés grâce à des générateurs photovoltaïques d’une puissance de 3 840 Wc (watt-crête). Enfin, dans le Lot-et-Garonne, la réserve naturelle de l’étang de la Mazière a vu l’équipement de 110 m2 de panneaux photovoltaïques sur un ancien séchoir à tabac afin de créer l’autosuffisance électrique (12 000 kWh) de la maison de la réserve.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires