Relief, végétation et eau : ce sont les éléments naturels qui structurent le projet de renouvellement urbain du quartier des Brichères à Auxerre (Yonne). Quelque 300 nouveaux logements vont y être construits, dont un tiers destiné à l’accession. « Sur ce site en lisière de la ville, où trois tours défiguraient le paysage, nous souhaitions assurer une transition sans heurt entre l’urbain et le rural », explique Jacques Hojlo, président de l’office auxerrois de l’habitat.
Le nouveau quartier, dessiné par l’urbaniste Serge Renaudie, joue sur la topographie existante. « En minimisant les terrassements, explique-t-il, on conserve le talweg (la ligne d’écoulement des eaux) autour duquel peut être préservé un vaste espace paysager central ». La conservation des pentes se combine à la récupération des eaux pluviales à partir des toitures et de la voirie. Pour favoriser leur rétention, les réseaux sont maintenus à ciel ouvert, et non enterrés : des noues d’argile et de pierre drainent l’eau vers la prairie et le talweg. Un ancien ruisseau ainsi reconstitué alimente un grand étang, bordé par des enrochements et longé par un ponton de bois. « La circulation de l’eau doit être envisagée au même titre que celle de la voiture, du vélo, ou du piéton : elle est parfois prioritaire », explique Serge Renaudie. Les opérations de logements, comme celle conçue par l’architecte belge Lucien Kroll, reprennent ces principes. Les surfaces imperméables sont réduites au maximum : pas de trottoir, des ruelles très étroites reliant des placettes traitées en pavés à joints ouverts, un réseau de noues plantées d’herbes de prairie et d’arbustes.
Une urbanisation respectueuse du parcours de l’eau, donc, qui va de pair avec le renforcement de l’identité végétale des lieux. L’arbre y reprend toute sa place : pommiers et poiriers bordent les jardins maraîchers, des cerisiers s’alignent sur les contreforts du plateau de jeux et, au pied des barres qui seront réhabilitées, des cercles de platanes et des groupes de bouleaux ont été plantés. La trame viaire et les espaces publics s’adaptent à ce paysage aux lignes renforcées. Pistes cyclables, sentes piétonnes et chaussée reprennent le maillage des sentiers agricoles existants. Le long du talweg, les circulations sont séparées, délimitées par des conduites végétales, faites de plantes aquatiques et de massifs d’amélanchiers. Parmi les espaces publics projetés, une place distribuera les accès piétons vers les différents secteurs du quartier : l’étang, la prairie centrale, les circulations le long du talweg, les logements, les jardins maraîchers, etc.
Sur les pentes du site, les opérations de construction ont été confiées à trois architectes. Les nouveaux logements remplaceront ceux des trois tours qui devraient être démolies fin juin 2007. A ce jour, c’est l’opération conçue par Lucien Kroll qui est la plus avancée : cinquante logements sociaux ont été livrés en septembre 2006, cinquante autres devraient sortir de terre d’ici à novembre. Avec plus de 67 logements par hectare, c’est aussi la plus dense. Elle met en œuvre un habitat intermédiaire, des « logements individuels superposés » accessibles depuis l’extérieur et, avec des moyens limités, se concentre sur quelques cibles HQE. L’eau chaude sanitaire, par exemple, est produite à l’aide de panneaux solaires pour les logements en partie haute. Les orientations optimisent l’éclairage naturel et certaines habitations disposent de toitures végétalisées et de bardage extérieur.
