Bac pro TP Des jeunes peu attirés par le secteur

En dépit d'une bonne insertion dans l'emploi des jeunes titulaires d'un bac pro travaux publics, les établissements scolaires font état du désintérêt pour les métiers des TP. Pour y remédier, la FNTP lance une action auprès des collèges.

Le 17 novembre, la FNTP a réuni au lycée professionnel de Porcheville (Yvelines) les proviseurs des 27 établissements scolaires qui préparent aux bac pro TP. L'objet est d'échanger les points de vue et d'évaluer les besoins des entreprises et des établissements scolaires. Chaque année, quelque 400 jeunes préparent, sous statut scolaire ou par la voie de l'apprentissage, le bac pro travaux publics leur permettant ensuite d'accéder à un poste de chef d'équipe en entreprise ou d'ouvrier hautement qualifié.

« Notre profession, a expliqué Bernard Cliche, vice-président de la commission formation de la FNTP, ne va pas toujours très bien. 1998 devrait se solder par une diminution de l'activité de 1 à 2 %. A l'avenir, celle-ci s'orientera davantage vers des activités d'entretien d'infrastructures existantes. Nos entreprises auront besoin de personnels polyvalents, plus autonomes que par le passé ». Surtout, Bernard Cliche s'est inquiété de la désaffection des jeunes pour les métiers des travaux publics, et plus largement du BTP. « Notre pyramide des âges se détériore et nous allons devoir renouveler le personnel. Or les jeunes viennent de moins en moins dans nos métiers en raison de leur mauvaise image auprès des parents et des élèves ». Les recrutements s'en ressentent, même si les effectifs inscrits en première année demeurent au dessus de 400 élèves, flux annuel estimé par la FNTP pour faire face aux besoins des entreprises.

Au-delà du nombre de jeunes inscrits en première ou en terminale Bac pro, les proviseurs et enseignants alertent la profession sur la baisse du vivier à partir duquel ils opèrent la sélection des jeunes, baisse qui influe ensuite sur la qualité des jeunes recrutés. « Nous avions 15 recrutements à effectuer cette année. Après avoir reçu 70 candidatures, 8 seulement se sont effectivement présentés » fait savoir le lycée professionnel de Saint-Jean-de-Braye, près d'Orléans. Le même constat s'impose au lycée de Saint-Brieuc. « Nous avons toujours plus d'inscrits en juillet que de jeunes effectivement présents en septembre ». La quasi totalité des établissements observent cette forte déperdition des effectifs entre juin et septembre. Ils l'expliquent notamment par des phénomènes de multi-inscriptions des jeunes auprès de différents établissements, et surtout par la mauvaise image de la profession auprès des jeunes. « Il ne faut pas nous laisser leurrer par le nombre de candidatures, alerte un proviseur, car le vivier de jeunes intéressés par le bac pro TP est moins important qu'il y paraît ».

Pourtant, il ressort d'une enquête menée en 1996 par la FNTP auprès des promotions 1992-93-94 que 68 % des jeunes titulaires du bac pro restent dans le secteur, prouvant ainsi un bon taux d'insertion dans l'emploi. En dépit de ces bons résultats, les jeunes craignent de ne pas s'insérer. « Il faut être très prudent sur l'image que l'on véhicule du secteur, du fait notamment de la mauvaise conjoncture, avertit un proviseur. Ce peut être un discours très destructeur auprès des jeunes ». Les enseignants avancent une autre explication du rejet des jeunes : les salaires. « Les jeunes connaissent les salaires pratiqués dans les TP et ne veulent pas y travailler ».

Les enseignants ont attiré l'attention de la FNTP sur une autre difficulté : les établissements peinent à trouver une entreprise pour accueillir les jeunes durant leur période de formation en entreprise (les PFE, seize semaines se déroulent sur les deux années en entreprise).

Une action auprès des collèges

Tout le monde en convient : il faut améliorer l'image de la profession auprès des jeunes. « Les parents d'élèves, souligne un proviseur, conservent l'image de la pelle et de la pioche alors que les TP se sont fortement mécanisés ». Les métiers des TP sont méconnus et mériteraient d'être présentés aux plus jeunes, dès le collège, pour favoriser l'orientation. Début 1999, la FNTP invitera les professeurs principaux de collèges des trois rectorats de l'Ile-de-France, à raison de 60 professeurs environ par réunion, à participer à une journée d'information sur les métiers des TP avec une visite de chantier, en l'occurrence la station Magenta du chantier Eole (*).

(*) Trois journées seront organisées : le 11 février 1999 pour l'académie de Paris, le 9 mars pour l'académie de Créteil et le 23 mars pour celle de Versailles.

TABLEAUX :

EVOLUTION DES EFFECTIFS INSCRITS EN BAC PRO TP (par année scolaire)

Les recrutements de jeunes en 1ère année restent supérieurs à 400, malgré un vivier moins important qu'auparavant.

LES TAUX DE REUSSITE AUX EXAMENS

Depuis 1990, 2288 candidats ont eu leur examen (sur 2885 candidatures), soit un taux de réussite de 79 %.

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