Le drame est encore récent. Samedi soir peu avant minuit, le balcon d’un immeuble construit en 1998 dans le centre d’Angers (Maine-et-Loire) s’effondre provoquant la mort de quatre jeunes adultes. L’ouvrage, qui semble avoir été cisaillé de façon nette, a entrainé dans sa chute les deux balcons des étages inférieurs. Après l’émotion, vient à présent le moment de l’enquête pour tenter de comprendre les causes du drame. Ce lundi, l'entreprise générale Bonnel a tenu à se dédouaner dans un communiqué envoyé à Ouest-France. Dans ce texte, l’entreprise rappelle qu’elle « exerce son métier avec rigueur et sérieux depuis plusieurs dizaines d’années, et elle n’a jamais eu à déplorer le moindre sinistre corporel. »
Concernant l’installation des balcons proprement dits, le même communiqué précise que « la société Bonnel a participé avec d’autres sociétés du bâtiment à la construction de l’immeuble en cause dans le cadre d’un marché privé, et notamment à l’installation de ces balcons. Le procédé utilisé pour cette réalisation ne présente strictement aucune originalité et la construction a été effectuée de manière classique dans le respect scrupuleux des règles de l’art, et sous le contrôle des personnes chargées de vérifier la qualité de ce type d’ouvrage. »
Enfin, le communiqué précise que : « La société Bonnel a donc été associée à la seule réalisation de l’immeuble mais n’a pas été d’une quelconque manière concernée par son entretien ultérieur et à sa maintenance, et ne peut donc s’exprimer sur les conditions dans lesquelles ces balcons auraient présenté une défaillance liée à une usure anormale. »
Un ouvrage structurel
Un dernier point qui a fait réagir Christian Herreria, président de la commission marché bâtiment au sein de la Fédération des industries du béton (FIB) qui rappelle que « les balcons sont des ouvrages structuraux au même titre que les poteaux ou les poutres d’un bâtiment et ne nécessitent donc pas d’entretien spécifique ». C’est bien lors de la conception et de la mise en œuvre qu’il est nécessaire d’être vigilant.
En effet, en France les balcons sont le plus souvent préfabriqués et installés en porte-à-faux avec une double nappe d’acier. « Les aciers qui reprennent le plus d’efforts sont les aciers supérieurs qui doivent être à la fois le plus haut possible tout en disposant d’un enrobage de béton suffisant pour être protégés en fonction des classes d'exposition », précise Christian Herreria. Ici, en Anjou, ce sont sont surtout les infiltrations d'eau qui peuvent menacer l'ouvrage. S’il est encore trop tôt pour conclure sur les causes du drame, les photos disponibles montrent une tâche noire au niveau du balcon effondré. S'agit-il d’une infiltration d’eau entre le balcon et la dalle, qui aurait pu corroder les aciers ?
Une autre question à laquelle l'enquête devra répondre concerne le nombre de personnes présentes sur le balcon au moment du drame. Selon les sources, entre dix et quinze personnes s'y trouvaient quand il a cédé. L'ouvrage a-t-il été correctement dimensionné, en tenant compte non seulement des charges statiques (carrelage, garde-corps, jardinières...) mais aussi des charges d'exploitation ? Le nombre de personnes présentes a-t-il entrainé une sollicitation dynamique du balcon ? Difficile à dire en l'absence d'une connaissance précise du déroulé des événements. Cela fait partie des nombreuses questions auxquelles les experts devront répondre dans les mois qui viennent.