« Je ne suis pas un inactif. » Dans la bouche de Bernard Nicoletti, ces propos ont valeur de doux euphémisme. A 53 ans, celui qui perpétue la marche de l'entreprise familiale, créée sur la Côte d'Azur en 1906, déborde d'activité, jongle avec les emplois du temps, et vient d'achever une année 1999 faste pour son groupe. Dix ans après s'être adossé au Britannique Tarmac, il est à la tête d'un ensemble de neuf sociétés de construction, des « marques » capables d'intervenir sur tout le territoire national et sur une large palette de compétences (du TGV Méditerranée à Eole, en passant par l'extension de l'aéroport de Nice, la réalisation du pôle santé de Reims, ou encore celle du musée de la préhistoire de Norman Foster à Quinson...).
L'année dernière, suite à une scission de son actionnariat, Tarmac BTP a changé de dénomination pour devenir Carillion BTP et s'est consolidé de nouveaux « arrivants », la plupart issus du groupe Holtzman en France. Désormais, autour de Nicoletti, Ciampi, Céolin, LBN et Thouraud, sont présents Giraud, Sobatra, Carillion BTP Off Shore et NFTP. Soit un ensemble de 1,2 milliard de chiffre d'affaires dans le bâtiment et les travaux publics, 1 000 personnes, présent sur la Côte d'Azur, à Marseille, en région parisienne et dans le Nord-Est, et qui renoue avec les bonnes performances (6,5 millions de résultats nets en 1999). Depuis son quartier général de Carros, dans les Alpes-Maritimes, Bernard Nicoletti dit diriger, avec sa garde rapprochée Georges Dao et Pascal Nicoletti, son frère, « une jeune entreprise forte d'une longue expérience », aujourd'hui à la « bonne taille » pour s'adapter à toutes les demandes du marché, tout en gardant souplesse de gestion et de fonctionnement.
Il ne regrette nullement s'être appuyé sur un actionnaire international, attaché de surcroît à la stabilité et qui a soutenu le groupe pendant les années difficiles. « Dix ans après, je suis toujours là. Et je conduis une stratégie en phase avec l'évolution de nos métiers, où la gestion du risque est devenue primordiale : conforter notre position sur le marché français ; développer une activité nouvelle de service, à l'anglo-saxonne, dans l'entretien, la maintenance, le pré-financement pour des clients qui souhaitent externaliser ces fonctions ; enfin, se tourner à moyen terme vers l'export », explique-t-il.
Homme de conviction, pugnace, Bernard Nicoletti se réjouit aussi de ne pas avoir eu à freiner une intense vie socioprofessionnelle dont il avoue tirer profit dans l'anticipation des grandes tendances de l'environnement socioéconomique de l'entreprise, un enjeu fort dans le BTP.
Si le contact des chantiers lui manque un peu, ses espaces de disponibilités, il les consacre à ses passions, entre modernité et tradition : l'art contemporain mais aussi la préservation du vignoble niçois des collines de Bellet, où il participe à la production de l'appellation locale.
Du terrain à un groupe franco-britannique
1946 : naissance à Nice.
1969 : débuts professionnels à la SGE, après des études supérieures à l'ESTP Paris.
1972 : intègre l'entreprise familiale Nicoletti comme conducteur de travaux, puis assure son développement à l'export en Arabie Saoudite.
1986 : prend la présidence de la société.
1991 : ouverture du capital de l'entreprise au groupe britannique Tarmac.
1997 : devient président de Tarmac France.
1999 : devient président du directoire de Carillion BTP (France).