Le bois se positionne comme combustible de l’avenir, avec des avantages multiples par rapport aux énergies fossiles. Mais technologiquement, le marché n’en est qu’aux prémices. 90 % des ventes d’appareils de chauffage domestique se font avec du « bois-bûches », parmi lesquelles on distingue trois grandes technologies :
- les bûches simples à tirage naturel, qui représentent 80 % du marché et offrent un rendement dau maximum 70 % ;
- les chaudières bûches Turbo, à combustion inversée et les mixtes fioul, qui représentent 10 % du marché : elles offrent un rendement de 75 à 80 %
- les automatiques qui représentent 10 %, dont 8 % pour les granulés et 2 % pour les plaquettes, qui sont vendues essentiellement aux agriculteurs qui mutualisent souvent une dépense comme le broyeur et disposent d’un combustible quasi-gratuit.
Les granulés restent encore assez marginaux, mais les fabricants croient beaucoup à la croissance de ces matériels, constatant une demande forte des chaudières automatiques, alimentées par les granulés et les plaquettes. Les granulés sont très faciles à traiter, la livraison de ce combustible s’effectuant dans les mêmes conditions qu’une chaudière fioul (ils sont acheminés par camion souffleur depuis le site de stockage jusqu’au local du client, puis déversés par un tuyau, évitant toute manipulation à l’utilisateur). Quant à la chaudière à plaquettes, elle est destinée à des besoins énergétiques plus élevés et en raison d’un besoin important de stockage : c’est un produit plutôt réservé aux agriculteurs, ainsi qu’au secteur tertiaire tels que les bâtiments publics mieux pourvus à cet égard. Pour les réseaux de chaleur et les collectivités, les plaquettes – ou bois déchiqueté – offrent aussi la facilité de chauffer un village ou plusieurs bâtiments communs avec un combustible local.
Du bois à condensation
Différentes techniques d’alimentation sont proposées. L’auvergnat Comte R achemine le combustible sur la grille du foyer selon deux systèmes : une vis sans fin noyée dans un tube étanche ou un piston injecteur coulissant dans un canal étanche. Autre solution chez Énergie Systèmes : l’alimentation automatique est, selon le combustible et sa taille, constituée par un tube droit à l’intérieur duquel, une vis sans fin est mue par un moto-réducteur de petite puissance, ou bien une vis transfert, constituée d’une vis d’alimentation du brûleur identique à celle des chaudières bois déchiqueté, ainsi que d’une vis transfert de longueur standard. Pour le bois déchiqueté, il peut s’agir aussi d’un dessileur rotatif à lames de ressorts avec vis transfert et vis d’alimentation de la chaudière.
« Tous ces aspects font que les chaudières automatiques se rapprochent des appareils fioul ou gaz de très bonne tenue et en offrent quasiment les mêmes avantages », affirme Damien Mathon, responsable du secteur bois-énergie au SER. « Les chaudières bois de moins de 70 kW se développent énormément, même si elles ne représentent pas le plus gros des ventes. Parmi les innovations les plus récentes on note des chaudières à granulés à condensation comme chez Ökofen, avec un rendement sur PCI supérieur à 100 %. Ou encore des mixtes granulés-bûches, avec La Jurassienne, fabricant de Franche-Comté, qui permet de fonctionner selon la disponibilité du combustible ».
Avec le développement du label Flamme Verte – désormais 80 % des ventes –, on assiste à une augmentation continue des performances des matériels. Aujourd’hui, une chaudière labellisée Flamme Verte offre un minimum de 70 % de rendement. On trouve ainsi des chaudières automatiques qui affichent un rendement de 85 à 90 %. Alors que les appareils indépendants comme les poêles et foyers fermés affichent une prédominance nette des fabricants français, les 14 fabricants de chaudières labellisés Flamme Verte comptent beaucoup d’Allemands et d’Autrichiens, notamment sur les appareils à granulés, tels que Viessmann, Buderus, Fröling ou Ökofen. Cependant des Français tirent leur épingle du jeu, tels que Morvan, la Jurassienne, De Dietrich Thermique, Energie Système, Zaegel Held ou Energie 79…
Des fournisseurs plus nombreux
Pour l’Autrichien Fröling, un rendement supérieur à 90 % est standard, « le but étant aujourd’hui de rendre le confort de la chaudière à bois similaire à celui d’une chaudière à fioul », explique Werner Emhofer, responsable des ventes France. La gamme du fabricant inclut trois types de chaudières : à bûches, à granulés et à plaquettes, suivant une plage de puissance de 10 à 1 000 kW. La chaudière peut piloter plusieurs circuits de chauffage (radiateurs, plancher chauffant…), ainsi que la préparation de l’ECS et peut même gérer des panneaux solaires.
Chez le Français SB Thermique, qui propose des chaudières d’une puissance étagée entre 10 et 500 kW, on perçoit bien cette incroyable évolution des chaudières bois. Comme l’indique Frédéric Challande, « les fabricants de la région Rhône-Alpes sont passés de trois à une dizaine. On note chez nous une explosion du marché sur les granulés dans l’individuel, et un changement d’état d’esprit : avant, on équipait que les gens qui avaient la philosophie de l’environnement. Aujourd’hui ce sont des gens qui ont la philosophie du portefeuille ! »


