Le Règlement européen sur la déforestation (EUDR), adopté par la Commission européenne en juin 2023 et reporté en décembre 2025, vise à réduire la responsabilité de l’UE dans la déforestation mondiale, en obligeant les entreprises à garantir la traçabilité de leurs produits. Ce dispositif impose que des produits végétaux – dont le bois – et d’origine animale ne proviennent de terres déboisées ou dégradées après décembre 2020.
Le 7 juillet dernier, 18 Etats de l’Union Européenne demandaient la modification du règlement, notamment pour y introduire une catégorie «sans risque». Celle-ci dispenserait une partie des produits, importés depuis une liste de pays à définir, de l’obligation de contrôle par les autorités continentales. Cela ouvre la voie à des chemins parallèles, déjà bien en place, pour faire entrer facilement du bois illégal en Union Européenne. Une enquête de l’ONG Earthsight révèle des «réseaux de blanchiment» via des pays tiers comme «la Turquie, la Géorgie, le Kazakhstan et la Chine, où le bois est reconditionné, réétiqueté et accompagné de faux certificats d’origine, avant d’être réintroduit dans l’UE par des pays aux contrôles faibles».
Depuis 2022, 1,5 Md€ de bois illégal en UE
L’ONG estime que l’Union européenne aurait déjà importé plus de 1,5 Md€ de contreplaqué de bouleau illégal provenant de Russie et de Biélorussie depuis la mise en place des sanctions à la mi-2022. Si les contrôles dans certains pays sont jugés « faibles » à date, cette modification de l’EUDR supprimerait l’obligation de contrôle et conforterait ainsi ces routes de contrebande.
Les 18 Etats qui plaident pour cette évolution législative – parmi eux le Portugal, l’Estonie, l’Italie, la Croatie, la Slovénie, la République Tchèque, la Bulgarie et la Pologne – seraient responsables de plus de 67% de ces importations problématiques, selon les estimations de l’ONG. La France, qui s’y oppose fermement, n’est que peu concernée par les enjeux. Avant les sanctions, l’importation de bois russe en France ne représentait alors que 3% du bois consommé.
Tara Ganesh, responsable du programme Bois, Sanctions et Forêts boréales à Earthsight, déclarait mi-juillet : « Cette proposition est une gifle pour les militants qui, depuis des décennies, documentent les illégalités dans les chaînes d’approvisionnement en bois. L’exploitation illégale nuit au climat, enrichit les fauteurs de guerre et nuit aux entreprises européennes. »