Rien n’y aura fait : ni les courriers à Aurélie Filippetti et au directeur des Patrimoines; ni le soutien des plus grands noms de l’architecture et de l’urbanisme, ni l’appui de Jack Lang, ancien ministre de la Culture, ni l’activisme déployé de longue date par l’historien de l’architecture Jean-François Cabestan et bien d'autres… La halle en béton et pavés de verre dessinée par Nicolas Esquillan en 1942 n’aura pas survécu aux coups portés par les ennemis du patrimoine architectural moderne.
Dans une lettre ouverte adressée à Frédéric Valletoux, maire de Fontainebleau, l’architecte et historien Hubert Lempereur se dit proprement « abasourdi par les images de pelleteuses qui circulent aujourd'hui sur les réseaux professionnels ».
Il poursuit : « La valeur patrimoniale de ce bien commun qu'était la halle de Fontainebleau commandait évidemment sa conservation et transformation, sans la moindre équivoque ou réserve. Sa destruction est un acte indigne. Indigne d'un élu supposé porter l'intérêt général et le bon usage des deniers publics. Indigne de Fontainebleau, dont l'image sera, j'en suis certain, entachée pour longtemps par cet acte de barbarie culturelle, comparable à sa façon à la démolition des halles de Baltard.
Jamais une mobilisation de grands noms des mondes de la culture, de l'architecture, et aussi, fait rarissime, de l'ingénierie et des travaux publics, n'avait été aussi large et unanime. Il était de votre responsabilité, de votre honneur, et de celle de votre maître d'œuvre, ne serait-ce qu'au titre de son devoir de conseil, de savoir l'écouter. La réponse brutale que vous avez donnée vous met ensemble en bonne place à la longue et peu glorieuse liste des vandales et des urbicides ».
Photos et vidéo de la destruction dans l'album Picasa de l'historien Julien Bastoen.
