La mise en place depuis le 1er janvier 2011 de la deuxième période du régime des certificats d'économie d'énergie, instauré par la loi de juillet 2010, est encore incomplète. En effet, le texte du Grenelle II impose qu'une partie des efforts soit réalisée en faveur des ménages en situation de précarité énergétique. Or, la parution des textes d'application à ce sujet traîne. Il est prévu que, dans le programme Habiter Mieux (nouvelle appellation du Fonds d'Action pour la Rénovation Thermique), les obligés - dont on imagine bien que ce seront les plus gros - devront consentir 150 millions d'euros au titre de la précarité énergétique entre 2011 et 2017, via les CEE. Reste à déterminer le taux de conversion des montants alloués en certificats.
Quoi qu'il en soit, sur ce marché en effervescence, CertiNergy continue de bénéficier d'avoir été, en 2008, la première société de services dédiée au système des CEE à voir le jour. La conviction de ses fondateurs, Frédéric Utzmann et Edouard Jounet, deux anciens de Saint-Gobain : « le certificat est un bon outil, mais il faut qu'il soit finement monté car il est très complexe », nous explique le premier. Pour ce faire, leur objectif consiste à travailler sur la professionnalisation de la filière, sa structuration, à « faire progresser en qualité et en ambition le réseau » de ces 10 000 partenaires en France, des maîtres d'ouvrage aux consommateurs d'énergie, en passant par les obligés, bien sûr, explique Frédéric Utzmann. CertiNergy travaille aujourd'hui pour sept des dix plus importants assujettis au régime, et vient de créer une structure collective CertiNergy Fioul agréée par l'administration.
Anticiper la troisième période
Pour le président de l'entreprise, qui compte aujourd'hui 55 personnes en interne, 30 en externe, et a vu son chiffre d'affaires faire un bond de 620 % entre 2009 et 2010, l'objectif de la deuxième période du dispositif (2011-2013) sera « réalisé relativement facilement », un tiers l'ayant déjà été durant la période qui a séparé la fin de la première phase et le lancement de la deuxième. Certes, reconnaît Frédéric Utzmann, « les règles sont plus exigeantes, mais la machine est lancée ». Il risque d'en être tout autrement avec la troisième période, déjà inscrite dans les textes même si des parlementaires ont demandé un examen en fin de deuxième étape avant la reconduction. Car cette nouvelle étape commencera sans période intermédiaire, avec des « gisements de plus en plus difficiles à atteindre, et donc plus coûteux » et des objectifs forcément relevés pour les distributeurs de carburants, dont le niveau d'obligation a été revu en baisse pour la phase actuelle par rapport au projet initial. Pour Frédéric Utzmann, « dès que les obligés vont commencer à anticiper les contraintes de la troisième période, les prix des certificats vont monter ».
Dans ce contexte, CertiNergy se donne pour mission de développer ses partenariats tout autant que les services adjacents qui permettront aux maîtres d'ouvrage d'amplifier les économies d'énergie. Et vise (déjà) l'international : « nous y serons cette année », confie son président. Avec en ligne de mire une généralisation du régime des CEE à l'ensemble de l'Union européenne. Le nouveau plan d'efficacité énergétique présenté le 8 mars par la Commission de Bruxelles stipule bien que « les compagnies énergétiques devront permettre aux consommateurs de réduire leur consommation d'énergie »...
