A Chalon-sur-Saône, dans la ZAC Saint-Jean-des-Jardins, la démarche HQE s’applique à tout le quartier. Cette opération globale fait suite à l’appel à propositions Villa urbaine durable. Lancée en 2001 par le Puca (Plan urbanisme construction architecture), cette consultation nationale visait à fonder un nouvel habitat basé sur le développement durable, la mixité sociale et l’insertion urbaine.
Sur un ancien site maraîcher proche du centre-ville, les architectes Marc Dauber, Isabelle Sénéchal-Chevallier et Eric Auclair, en partenariat avec les maîtres d’ouvrage SCIC Habitat Bourgogne Champagne et BFCA Promotion (Crédit immobilier de France), avaient proposé un quartier de ville à la campagne : 45 logements dans un habitat individuel assez dense (18 logements à l’hectare) et dans des petits immeubles collectifs, répartis autour d’espaces publics piétons et cyclables très plantés, et des jardins familiaux réalisés dans l’esprit des jardins maraîchers.
A partir de ce projet expérimental, la Ville a élargi sa démarche à l’ensemble du quartier pour accueillir 180 logements sur 5 ha. Le fil rouge, un cahier des charges précis et trois priorités : raccordement au chauffage urbain, récupération des eaux pluviales et gestion des déchets (domestiques et de chantier). C’est dans ce cadre que la SEM Val de Bourgogne, chargée d’aménager le site et de commercialiser les terrains, a dû procéder. Idem pour les opérateurs ayant répondu à la consultation pour réaliser les petits immeubles collectifs à R, R 2 ou R 3, qui comptent deux tiers de logements en accession. « Chaque promoteur candidat devait proposer à la ville et à la SEM un choix parmi trois architectes et prouver qu’il respecterait la démarche HQE », explique Séverine Allard, chef de projet à la SEM Val de Bourgogne. Cette démarche a cependant sollicité les efforts de tous les partenaires.
« Il a fallu assimiler le référentiel, conduire des recherches sur les matériaux et se familiariser avec les surcoûts », précise Jordan Doutté, conducteur de travaux de BFCA Promotion.Les opérations d’Habitat Bourgogne Champagne et de BFCA Promotion, livrées ce printemps, sont très homogènes. La plupart des voitures stationnent hors parcelle, dans des garages aux toitures végétalisées. Les logements sont réalisés avec des matériaux économes en eau et en énergie, et sans CFC (chlorofluorocarbones). Les maisons individuelles, orientées nord-sud, sont implantées sur des terrains qui n’excèdent pas 275 m2, et construites avec un minimum de points porteurs pour les rendre évolutives. La possibilité d’une extension a été prévue, la shon maximale n’étant pas atteinte.
A l’échelle du quartier, les modes de déplacements doux sont favorisés – larges allées piétonnes en Ecogreen, pistes cyclables, stationnement pour vélos –, et les sols doivent rester le plus perméables possible pour ne pas saturer le réseau d’évacuation des eaux pluviales. « La Ville, qui n’avait pas lancé d’opération de logements similaire depuis longtemps, a misé sur la qualité de l’environnement et la mixité sociale pour retenir la population qui quitte la ville-centre pour la périphérie », explique Marie Ordas-Monot, directrice générale de SCIC Habitat Bourgogne Champagne.
La démarche est-elle reproductible ? « Oui, répond Marie Ordas-Monot, nous souhaitons capitaliser ces recherches, qui nous ont pris du temps, et les faire partager. » Reste à convaincre d’autres villes d’accueillir cet habitat économe en foncier et respectueux de l’environnement.
