Installée sur une parcelle à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), une famille a entrepris de construire son logement selon les procédés les plus vertueux possibles. Cette ambition a d'abord guidé le choix de l'architecte, la jeune coopérative Anatomies d'architecture (AdA), auteur de l'ouvrage « Le Tour des matériaux d'une maison écologique » retraçant sa rénovation du domaine du Costil, dans l'Orne. Elle a ensuite orienté le choix des matériaux - bois, terre crue et paille - et, enfin, a incité à opter pour un chantier participatif dans le cas de cinq des lots.

Ossature en deux temps
Les murs de la maison de 270 m² ont été achevés en septembre 2024. « Sa volumétrie reprend celle des avoisinants du secteur soumis à la consultation des architectes des bâtiments de France. La maison ferme la parcelle, protégeant des voies du RER A en bordure tout en créant un tampon thermique au nord », indique Raphaël Walther, architecte en charge de la conception.
Prenant appui sur des fondations en béton et une dalle basse maçonnée pour résister au retrait-gonflement des argiles et aux termites, l'ossature bois a été entièrement taillée et assemblée sur mesure à pied d'œuvre par les compagnons de l'entreprise Herminette. « La structure primaire est constituée de portiques traditionnels en Douglas et de murs à ossature bois remplis de bottes de paille de 22 cm d'épaisseur. Cette même structure déborde en façade sud sous la forme d'entraits prolongés qui suspendront la coursive. Au nord, une structure secondaire est désolidarisée de la principale pour éviter la transmission des vibrations des rames de RER, et est isolée en Métisse [isolant en textile recyclé, NDLR] sur 12 cm », détaille l'architecte.
Cette étape achevée, les charpentiers ont posé les solivages des planchers. Au R + 1, ceux-ci ont ensuite été remplis de quenouilles de terre pour l'isolation phonique. « Cette technique consiste à rouler du foin et de la terre autour de tiges de bois vert écorcées. Au total, l'équivalent d'1,5 km de bâtons de bois d'élagage a été utilisé, provenant des forêts avoisinantes », détaille Emmanuel Stern, anthropologue et artisan au sein de la coopérative AdA, qui a accompagné les bénévoles dans la réalisation des 2 000 quenouilles nécessaires aux 78 m² de surface à isoler.

Cloisons chauffantes
L'isolation du plancher des combles a quant à elle été réalisée avec des bottes de paille de 22 cm d'épaisseur. Le matériau est également employé en vrac, mélangé à la terre en barbotine, pour la réalisation des 70 m² de cloisons entre les chambres. La technique originale utilisée ici, déjà éprouvée par AdA, a consisté à dérouler des cannisses au milieu desquelles est tassé un mélange à 95 % de paille.

Et dans la mesure où les tuyaux du chauffage basse température ne pouvaient être disposés au sol comme pour un plancher en chape béton, ce sont les cloisons qui seront chauffantes. De fait, l'enduit de corps en terre qui vient d'être réalisé a demandé un mélange plus riche en sable qu'à l'accoutumée afin d'éviter des phénomènes de rétractation, ainsi qu'une surépaisseur. Toutes ces étapes ont été réalisées sous la houlette du maître d'ouvrage, qui s'est formé spécialement à ces méthodes.
Il ne reste désormais plus qu'un lot en chantier participatif, celui des enduits de finition en terre, avant la livraison en fin d'année. Autant de techniques innovantes ou ancestrales, c'est selon, qui font de ce projet un terrain fertile pour la filière.
