Edito

Chères économies

Réservé aux abonnés
Fabien Renou, rédacteur en chef
Fabien Renou, rédacteur en chef

L'écologie a sa planification, la sobriété aura son plan. Anticipant la coupure du robinet de gaz russe, le chef de l'Etat a lancé un chantier majeur : programmer la réduction de nos consommations énergétiques avant le black-out. Car l'hiver prochain s'annonce critique en Europe sur le plan des approvisionnements. Il faut donc sonner la mobilisation générale : Etat, entreprises, collectivités et particuliers sont appelés à se livrer à une introspection. Un travail sur soi tout sauf plan-plan.

On peut regretter que cet enjeu majeur soit traité dans l'urgence. Guerre en Ukraine ou pas, on sait depuis des années que le coût de l'énergie est condamné à croître et que l'époque du kilowattheure bon marché touche à sa fin. La transition énergétique, le BTP en a bien conscience, nécessite du temps et de l'accompagnement. Elle exige aussi ambitions politiques et moyens financiers. Car viser la sobriété ne se résume pas à faire preuve de bonne volonté, cela réclame surtout beaucoup d'intelligence, d'expertise et d'innovations, mais aussi de lourds investissements. Bref, dépenser moins coûte cher, du moins dans un premier temps.

Viser la sobriété ne se résume pas à faire preuve de bonne volonté, cela réclame de lourds investissements

Du temps, donc, on n'en a plus. Des compétences, ouf ! on en a. Mais des moyens, en aura-t-on ? Le « quoi qu'il en coûte » est passé de mode, tout comme l'argent gratuit, volatilisé dans le sillage de l'inflation galopante. Or, changer le modèle implique bien plus qu'éteindre la lumière en sortant de la pièce ou enfiler un pull à la maison. Accélérer la rénovation globale des logements, par exemple, implique de dépenser (beaucoup) aujourd'hui, pour économiser (un peu) année après année. Même chose pour le développement des bornes de recharge électrique et la modernisation de l'éclairage urbain.

A long terme, le jeu en vaut la chandelle. A l'échelle des mandats politiques, rien n'est moins sûr. Car les sommes fléchées vers les économies d'énergie ne bénéficieront pas à d'autres priorités, là où le retour sur investissement serait plus rapide, l'impact sur la vie quotidienne plus direct, les effets plus populaires. Des choix difficiles nous attendent, nécessitant dialogue et compromis. Pas exactement l'air du temps.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires