Peu à peu, nous nous mettons à l’heure anglo-saxonne. Nos espaces de sépulture changent. Le cimetière paysager se substitue à la nécropole close et minérale, traditionnelle du monde méditerranéen. Avec l’évolution des coutumes funéraires, dans la plupart de nos régions, les attentes du public par rapport aux lieux d’inhumation se modifient. Le nombre croissant des incinérations fait émerger le besoin de nouveaux espaces dans les cimetières : un columbarium pour le dépôt des urnes, un jardin du souvenir pour la dispersion des cendres, en plus d’un espace consacré aux caveaux traditionnels. Dans les cimetières paysagers, la végétation répond à quatre fonctions bien différentes. Elle permet de séparer les différents sites - le columbarium, le jardin du souvenir et l’espace consacré aux sépultures à caveau, plus traditionnelles - sans créer de sensation d’enfermement. Elle affirme la symbolique du lieu en même temps qu’elle offre un cadre apaisant pour adoucir la douleur des familles et des amis des défunts. Enfin, elle favorise le recueillement et permet d’intégrer le cimetière dans son environnement, qu’il soit urbain, naturel ou agricole.
Cloisonner.
Le cimetière paysager s’organise souvent autour de quelques arbres remarquables, déjà présents sur le terrain ou implantés lors de l’aménagement. Ces plantations majestueuses apportent solennité et paix au cimetière. Dans le Sud, le pin ou le cyprès remplit cet office ; plus au nord, on trouve aussi le chêne. Ces grands sujets font des cimetières des espaces ombragés où il fait bon s’arrêter. Accompagnés de bosquets d’arbustes placés à des endroits stratégiques, ils isolent aussi bien qu’une haie, sans pour autant enfermer. Ils permettent ainsi de « cloisonner » les divers lieux de sépulture (columbarium, jardin du souvenir ou ensemble de pierres tombales), sans gêner la circulation.
Symboliser.
Au-delà des symboles traditionnels d’éternité que sont le pin, le cyprès, l’if, le buis, le lierre, le thuya, l’églantier, le chêne… les plantes symboliques peuvent être plus personnelles : des plantes parfumées comme l’osmanthe ‘Heaven Scent’ aux fleurs blanches discrètes, certains rosiers pour une passionnée de parfums, des fleurs à plusieurs saisons comme les azalées Encore pour un amoureux des fleurs…
Adoucir.
La végétation est un écrin pour les défunts et un réconfort pour ceux qui les ont aimés. Les plantes doivent rester discrètes, sobres, mais présentes. Les feuillages persistants sont majoritaires. Les espèces envahissantes ou de grande taille n’y ont pas leur place : la nature doit rester à notre échelle, sans exubérance, et la végétation choisie doit « vivre ensemble » avec le moins d’interventions possible. Elle doit aussi durer : préférez les arbustes et les plantes vivaces. L’aménagement en courbes douces se substitue aux allées rectilignes classiques. Les circulations secondaires pour piétons, engazonnées et plus ou moins formalisées en véritables allées, sont beaucoup moins bruyantes et préservent la paix du lieu.
Intégrer.
Dans les agglomérations, les cimetières sont de plus en plus fréquemment intégrés aux trames vertes urbaines, comme des lieux de promenade. La végétation doit faire oublier murs et clôtures en plaçant dans le décor des arbres de même espèce, de même teinte et de même allure que ceux que l’on aperçoit au-delà des limites physiques. Planter des feuillages fins les rendra plus floues, tandis qu’à la campagne, le regard porté sur un panorama encadré de végétation sera un appel à la méditation.




