Les stratégies d'adaptation au changement climatique peuvent puiser dans l'héritage de la gestion des systèmes hydrauliques du Morvan. Autour du mont Beuvray (Nièvre et Saône-et-Loire), ce pari soude 12 communes regroupant 3 800 habitants et les huit partenaires d'un consortium lauréat de l'appel à projets « Science avec et pour la société » lancé par l'Agence nationale de la recherche. Son acronyme Coudrier - pour « Co-construction d'usages durables des ressources et des infrastructures d'une eau devenant rare » - résume le défi à relever entre septembre 2023 et août 2025 avec un budget de 250 000 euros.
Coudrier tient son calendrier, comme l'ont montré, mi-octobre, les 18es Entretiens de Bibracte, du nom de la cité gallo-romaine implantée au pied du mont Beuvray, cœur du territoire labellisé Grand site de France. A cheval sur deux bassins hydrographiques, deux départements et trois intercommunalités, son périmètre ne correspond à aucune des entités géographiques dans lesquelles se déploient les politiques publiques de l'eau. Si les quatre derniers mois de 2023 ont servi à confronter les intérêts des habitants à ceux des chercheurs, des ateliers ponctuent l'année en cours, sur les six sites où se concentrent les enjeux.
Réalités contradictoires. Il restera huit mois pour formaliser les analyses issues de réalités contradictoires : d'un côté, la raréfaction de la ressource pousse à la maîtrise d'ouvrage intercommunale ; de l'autre, les élus bénévoles et les associations syndicales libres entretiennent depuis des siècles un patrimoine et une culture de solidarité et d'indépendance. « Dans leur responsabilité et leur attachement, il y a des leviers de durabilité », estime Cécile Guénon, coordonnatrice du consortium. Rompu à la construction de passerelles mémorielles, l'établissement public de coopération culturelle Bibracte joue le rôle de chef de file.
Les images Lidar produites en 2019 complètent les relevés de terrain et les souvenirs des habitants sur un hydro- système façonné par les chenaux. L'unité mixte de service Mosaïc du Muséum national d'histoire naturelle - l'un des huit partenaires - active cette mémoire dans une course contre la montre qui motive les équipes de Coudrier : « Il n'est pas encore trop tard pour capitaliser les connaissances », estime la coordonnatrice.