La mise en lumière du centre de Colmar a symbolisé, pendant les fêtes de fin d'année, la politique municipale d'investissement : tout en augmentant les dépenses susceptibles de renouveler son image, la préfecture du Haut-Rhin parvient à en limiter l'impact fiscal. Les résultats dégagés par la régie municipale de distribution de gaz et d'électricité ont couvert une partie du budget de 7 millions de francs consacré à la mise en lumière conçue par Dullio Passariello et Jean-François Arnaud. L'Etat, la région, le département, la Fondation Timken (principale entreprise implantée dans la ville), l'académie des Arts de la rue et les hôteliers de Colmar ont également contribué à l'investissement, sans aucun impact sur le budget municipal.
« La section investissement du budget atteint désormais une moyenne de 170 millions de francs, contre 120 à 140 millions avant 1995 », se réjouit Fernand Cotleur, premier adjoint du député maire Gilbert Meyer. Une économie annuelle de 25 millions de francs a rendu possible ce boum, parallèlement à un allégement de la dette - 4 800 francs par habitant en 1997, contre 5 400 francs en 1995 - et à une économie de 25 millions de francs sur les frais de fonctionnement. La pression fiscale, elle, restera parallèle à l'inflation sur l'ensemble du mandat, après l'augmentation substantielle enregistrée en 1996. Le premier adjoint - dont la compétence couvre les affaires scolaires - souligne l'impact de cette politique sur les écoles de la ville : « Elaboré avec la participation des parents et des enseignants dans un livre blanc édité en 1995, le plan quinquennal de réhabilitation des écoles mobilise 5 millions de francs par an sur cinq ans, alors que ce budget s'établissait auparavant à 1,8 million de francs. »
Place Rapp : le grand projet de Gilbert Meyer
La restructuration de la place Rapp, grand projet d'urbanisme de l'actuel mandat municipal, offrira l'illustration la plus tangible du volontarisme de la ville : « Ce projet dormait dans les cartons depuis quinze ans », soupire Fernand Cotleur. Le jury municipal sélectionnera en ce début d'année la maîtrise d'oeuvre pour les aménagements de surface dont dépend en partie la nature des travaux souterrains que la ville concevra et pilotera. Trois équipes restent en lice : Edaw (mandataire) associé à Eloctral (éclairage) ; Peter (paysage) associé à Spitz/Jemming (architectes) et Passariello (éclairage) ; Mongiello-Plisson (architecte) associé à Catherine Linder (paysage) et Light Cible (éclairage). Le projet de 100 millions de francs porte sur un maximum de 1 000 places de stationnement souterrain, destinées à remplacer l'actuel parking de surface et à rendre son lustre au coeur de Colmar : la place Rapp forme le point de convergence entre les axes est-ouest et nord-sud qui ont donné naissance à la ville. Les travaux devraient démarrer en août prochain pour une durée de deux ans.
La réhabilitation du patrimoine historique de la ville - qui compte 53 édifices inscrits ou classés aux Monuments historiques - concourt également à l'embellissement de l'hypercentre. Colmar lancera en janvier les appels d'offres pour la maîtrise d'oeuvre de la rénovation de son « théâtre à l'italienne » construit en 1849. L'opération de 22,4 millions HT comprend la mise en sécurité et la rénovation des équipements techniques (10,1 millions), la modernisation et la mise aux normes des équipements scéniques (5,6 millions), ainsi que l'amélioration du confort du public (4,2 millions).
Cette rénovation, dont l'achèvement interviendra en 2000, enrichira l'offre de lieux de séminaires proposés par Colmar Espace-Congrès. Une autre opération programmée pour l'an prochain à hauteur de 12 millions concourt au même objectif : la rénovation de l'ancienne douane (le « Koïfhus »), un bâtiment du XVIe siècle destiné à accueillir des petits congrès ou des réceptions prestigieuses.
Eliminer le transit routier
La multiplication par trois du budget consacré à la voirie (7 millions de francs en 1995, 21 millions en 1996 et 1997) profitera également à l'embellissement de l'hypercentre : sur le modèle de la rue de Turenne, rénovée en 1997, la ville procède à une remise à neuf systématique de l'ensemble de son plateau piétonnier. Parallèlement, elle débarrasse les rues de tous ses réseaux aériens, dans le cadre d'un programme de 20 millions entre 1996 et 1998. Autour de l'hypercentre, l'aménagement d'une ceinture routière vise à préserver le quartier historique de tout transit routier. La création de 500 places de stationnement, programmée dans les deux ans dans la proche périphérie, complétera le nouveau plan de circulation qui mobilisera 10 à 15 millions de francs en 1998.
La volonté d'éliminer le transit routier se retrouve, à l'échelle de l'agglomération, dans les grands chantiers de l'actuel et du prochain contrat de Plan.
Dès l'année prochaine, la direction départementale de l'équipement (DDE) ouvrira les travaux préparatoires au tronçon nord de la rocade ouest, reliant le carrefour du Ladhof à celui de la déviation d'Ingersheim. Ce boulevard urbain de 190 millions de francs marque une rupture par rapport aux liaisons à deux fois deux voies imaginées lors des premières études.
L'administration a également innové dans sa communication sur le projet, comme en témoigne la diffusion des quelque 4 000 exemplaires de la « Lettre de la rocade ouest ». L'expression des riverains, au cours de l'été dernier, a permis au cabinet parisien Lavigne et à la DDE de répondre aux demandes de protection phonique et d'aménagements cyclables. Les commerçants et industriels de la zone de Houssen ont également obtenu une amélioration de leur desserte.
Dans la perspective du prochain contrat de Plan, le débat sur le prolongement de cette infrastructure se divisera en deux parties : l'ouest de la rocade, dont le département pourrait prendre la maîtrise d'ouvrage, l'Etat s'engageant à hauteur de 54 millions de francs sur un total estimé à 150 millions ; le barreau sud, dont le profil autoroutier justifie la requalification de la rocade ouest en boulevard urbain.
Vitaux pour le décongestionnement d'une ville qui a longtemps concentré le mécontentement des automobilistes alsaciens, ces projets inscrivent Colmar dans une dynamique d'agglomération également sensible dans le domaine du logement : un programme local de l'habitat en cours d'étude associerait Colmar à ses voisines. La concertation s'impose d'autant plus que la professionnalisation de deux unités militaires - la base aérienne de Colmar Meyenheim au sud, le 152e régiment d'infanterie au nord - crée des besoins de logements à l'échelle de l'ensemble du bassin. La construction de 97 studios d'étudiants, engagée par la Colmarienne du logement pour une livraison à la prochaine rentrée à la place d'un ancien entrepôt de Voies navigable de France, contribuera au rayonnement de la capitale du Haut-Rhin dans le bassin central de l'Alsace.
Une métropole d'équilibre entre Strasbourg et Mulhouse
Sur ce dernier point, le projet d'un syndicat mixte associant Colmar et Sélestat constitue le projet le plus ambitieux. Opposées sur le plan politique, les deux villes moyennes du bassin travaillent ensemble à l'élaboration des statuts de cette structure qui, dans un bassin de 500 000 habitants, associerait les communes et syndicats intercommunaux compris entre le piémont des Vosges et le Rhin. Le partage des retombées économiques des implantations induites par le syndicat mixte constitue l'obstacle le plus difficile à franchir pour l'aboutissement de ce projet, étroitement lié à une autre procédure en cours : la révision du schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme de l'agglomération de Colmar, dont la mise à enquête publique pourrait intervenir dès 1998.
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La mise en lumière de Colmar conçue par Dullio Passariello et Jean-François Arnaud symbolise la politique municipale de réhabilitation et de rénovation du patrimoine historique.
Ci-dessus l'ancienne douane, le « Koïfhus », un bâtiment du XVIe siècle et ci-contre le théâtre à l'italienne construit en 1849.
Fernand Cotleur, premier adjoint du député maire Gilbert Meyer, affiche une section investissement du budget qui atteint désormais une moyenne de 170 millions de francs.