Compétences : former plus pour forer plus

La profession se mobilise pour créer des cursus et des certifications et encourager ainsi les recrutements. Objectif : élever le niveau de qualification sur ce métier en tension.

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Depuis 2023, EFF Training a organisé trois sessions de formation (ici, sur son site de Lescar, dans les Pyrénées-Atlantiques, début 2024).

Le manque de main-d'œuvre qualifiée constitue un des freins au développement de la géothermie de surface, pointe Virginie Schmidlé-Bloch, déléguée générale de l'Association française des professionnels de la géothermie (AFPG). « Augmenter progressivement la capacité de forage nécessite, pour la filière, de former plus de 750 nouveaux professionnels d'ici 2030 », chiffre-t-elle. L'Ecole française du forage (EFF Training) représente à ce jour la seule structure à proposer un programme dédié. « Afin de répondre aux défis de la transition énergétique, nous avons conçu, avec le groupement d'établissements publics locaux d'enseignement (Greta) Midi-Pyrénées Ouest et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), la première formation au métier d'aide-foreur », développe Sébastien Boutareaud, chargé de projet géothermie. Aspects techniques, règles de sécurité, normes environnementales… Trois sessions de dix semaines, comprenant une phase d'immersion en entreprise, ont ainsi été dispensées entre 2023 et 2024 à destination de demandeurs d'emploi et de jeunes en reconversion professionnelle dans le département des Hauts-de-Seine puis en région Nouvelle-Aquitaine.

Pour le reste, les futurs foreurs apprennent le métier en entreprise sur le terrain, ce qui nécessite plusieurs années de pratique. Sous l'impulsion du plan d'action national adopté en 2023 pour accélérer le développement de la géothermie de surface, l'AFPG et le Syndicat national des entrepreneurs de puits et de forages pour l'eau et la géothermie (SFEG) ont créé, avec l'appui de la FNTP et du CCCA-BTP, un certificat de qualification professionnelle (CQP) « assistant-foreur ». « Ce dernier va permettre, sur la base d'un référentiel d'activités et de compétences, d'uniformiser les sessions qui seront délivrées ainsi que les modalités de l'examen qui les sanctionnera », éclaire Cécile Taillardant, chargée de projets certifications et déploiement de l'offre de formation au CCCA-BTP. Eric Garroustet, président du SFEG, en attend, « notamment grâce aux bases théoriques qui devront ainsi être acquises, une évolution plus rapide des professionnels vers le métier de foreur ». Les futures promotions pourront aussi alimenter les viviers d'embauche des employeurs.

Déficit d'attractivité à réduire. Le premier cursus sanctionné par le CQP devrait démarrer à l'automne prochain, « avec deux organismes de formation identifiés pour le moment, l'un dans l'Oise, l'autre en région Paca. Le programme de l'EFF Training, qui a déjà travaillé à se mettre en conformité, devrait également être référencé dans ce cadre », détaille Eric Garroustet. Reste le déficit d'attractivité dont souffre le métier. Certes bien rémunéré - entre 3 000 et 4 000 euros nets par mois pour un salarié expérimenté d'après le président du SFEG -, « il implique des conditions de travail inhérentes aux travaux publics : chantiers en extérieur et fréquents déplacements sur plusieurs jours », rappelle Virginie Schmidlé-Bloch. Comme le souligne Sébastien Boutareaud, « l'une des solutions résidera dans un maillage plus serré du territoire par les entreprises de forage, afin de rapprocher les salariés de leur domicile - en particulier les jeunes, plus exigeants à cet égard ». La filière mise sur un doublement du nombre de sociétés certifiées en France - environ 80 à ce jour - à l'horizon 2030.

 « Des professionnels d'horizons divers avec la tête bien faite », Patrice Landolt, directeur général de DrillHeat (groupe Arverne)

« Comptant dans nos rangs 25 salariés à ce jour, nous envisageons une hausse de 30 % de nos effectifs en 2025. Les postes de foreurs et d'assistants-foreurs concentrent la majorité de nos besoins.

Parmi eux figurent des profils d'horizons divers - foreurs expérimentés, anciens compagnons du BTP ou de la géotechnique, personnes en reconversion intégrées par le biais de l'intérim… -, mais motivés, et qui ont tous la tête bien faite. Compte tenu du temps et de l'investissement que requiert la montée en compétences sur le poste de foreur, il n'est pas question, malgré la conjoncture, de mettre sur pause notre politique d'embauche et de formation s'agissant d'un métier d'avenir.

Nous attendons d'ailleurs beaucoup, pour nos salariés et nos futures recrues, des modules qui permettront d'obtenir la délivrance du CQP “assistant-foreur”. »

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