Un quart des salariés du BTP n’est pas couvert par une complémentaire santé. C’est ce qu’enseigne une enquête du groupe de protection sociale PRO BTP (1), présentée à l’occasion de la 2ème édition des rencontres économiques de la construction à Paris, le 19 décembre. Or, comme l’impose la loi sur la sécurisation de l’emploi de juin 2013, tous les salariés devront, à compter du 1er janvier 2016, bénéficier d’une mutuelle d’entreprise. Les partenaires sociaux ont d’ailleurs, dès mai 2013, initié une négociation sur ce sujet. « 90 000 entreprises vont ainsi devoir mettre en œuvre cette nouvelle mesure », indique Stéphane Reuge, directeur institutionnel et stratégique prévoyance et assurance de Pro BTP. « Cette nouvelle obligation ne tombe certes pas au bon moment compte tenu de la conjoncture économique, mais nous souhaitons dépasser la contrainte pour la transformer en opportunité », soulève-t-il.
La santé des salariés, facteur de performance
Contre toute attente, le premier critère des entreprises pour choisir un organisme assureur n’est pas le tarif -qui arrive néanmoins en deuxième position (24%)-, mais celui de garanties adaptées aux besoins (31%). 14% des employeurs sondés accordent enfin une attention de premier rang à la connaissance du BTP. 49% des salariés du secteur sont, à ce jour, couverts par PRO BTP.
Autre enseignement de l’enquête : la moitié des employeurs interrogés sont favorables aux actions de prévention en matière de santé. Les enjeux ne manquent en effet pas pour les entreprises du BTP. « Elles ont d’abord tout intérêt à investir pour améliorer leur performance économique », souligne Mathias Matallah, président de Jalma, qui en veut pour preuve certaines études menées au plan international. «D’après ces dernières, les entreprises les plus performantes sont, quelque que soit leur taille, celles où les salariés sont bien payés, bien formés, et en bonne santé. »
Autre objectif : se prémunir contre d’éventuels risques judiciaires. « En cas d’atteinte à la santé de leurs salariés, les entreprises pourront ainsi montrer qu’elles ont mené des actions de prévention. » La Cour de cassation a en effet condamné, en 2012, un employeur pour faute inexcusable en lien avec la survenance d’un infarctus du myocarde sur le lieu de travail. Dans cette affaire, le salarié mettait en cause une politique de réduction des coûts ayant engendré une forte pression et un accroissement considérable de sa charge de travail (Cass. 2e civ., 8 novembre 2012, n° 11-23855). D’après Mathias Matallah, les employeurs soucieux de la santé de leurs employés ont enfin tout à y gagner en termes d’image et d’attractivité.
Prévenir les risques de maladies invalidantes
PRO BTP mène ainsi des actions de prévention dans le cadre de la vie privée des salariés. A l’image du projet de prévention en matière de cancérologie mené avec l’institut Gustave Roussy. « L’objectif est de favoriser l’auto-alerte et d’informer sur les évolutions des traitements du cancer », illustre Olivier Nique, directeur des partenariats santé de PRO BTP.
L’expérimentation « Santé AVC » menée sur la région Nord vise, quant à elle, à favoriser le dépistage et le suivi des accidents cardiovasculaires. « Un salarié sur deux âgé de 18 à 65 ans présente en effet au moins un facteur de risque », souligne Mathias Matallah.