« Prévoir la possibilité de s'adapter aux contextes locaux »
Les objectifs de zéro artificialisation nette sont vertueux mais, comme toute règle, il faudra prévoir dans les décrets d'application de la loi des exceptions et de la souplesse car chaque région, ville, quartier, a ses spécificités. Imposer à un élu et aux habitants d'un quartier un programme, une densification et un non-étalement qui n'est pas en adéquation avec un marché, un patrimoine, des attentes, ne fonctionne pas. Ces acteurs doivent donc être écoutés dès les premières réflexions. Il est nécessaire d'instaurer des processus fédérateurs d'adhésion, d'implication des habitants, des usagers, et réaffirmer le rôle central des élus locaux. Il faut penser la ville non pas “pour” mais “avec” ses habitants, s'imprégner de leur histoire, de leur « culture urbaine », de leur mode de vie… La reconquête des friches s'avère notamment une exceptionnelle occasion de décliner une densité acceptée et acceptable dans la mesure où elle se réfère à un ancrage territorial, avec des gabarits et un vocabulaire architectural familiers.
Laëtitia Maes, gérante de l'agence de Lille (Nord) du Groupe Maes Architectes Urbanistes
-----------------------------------------------------------------------------
« Généraliser les PLUi et les EPF sur le territoire »
Utilisons l'opportunité créée par la loi Climat et résilience, qui oblige les collectivités locales à intégrer l'objectif de zéro artificialisation nette dans leur plan local d'urbanisme (PLU), pour les pousser à enfin adopter un PLU intercommunal (PLUi). Actuellement, seule la moitié des communes sont couvertes par ce document d'urbanisme. Sa généralisation permettrait d'élargir les réflexions à une échelle plus proche de celle de la vie des Français et de donner plus de cohérence à nos stratégies urbaines, notamment en termes de sobriété foncière. En parallèle, l'ensemble du territoire devrait être couvert par des établissements publics fonciers (EPF), suffisamment puissants en ingénierie et en capacité financière, afin de rendre possibles les alternatives à l'étalement urbain, comme la réhabilitation des centres-villes et le recyclage des friches.
Sylvain Grisot, urbaniste, fondateur de l'agence de conseil et de recherche Dixit.net
-----------------------------------------------------------------------------
« Reformuler l'objectif autour de la reconquête de l'existant »
L'expression ” zéro artificialisation nette “ souffre d'une connotation négative. Notre pays, mal préparé à la densité, ressemble à un obèse à qui l'on enjoindrait de devenir anorexique. Cherchons des formules moins rebutantes et plus faciles à comprendre. A la lumière de la crise sanitaire qui a montré la possibilité de bien vivre dans tout territoire, je propose de reformuler l'objectif autour de la reconquête de l'existant, dans les villes comme dans les campagnes. Toute une série de mesures et de modes opératoires en découlerait logiquement : le prêt à taux zéro cesserait de conforter l'étalement ; rien n'interdirait l'habitat individuel à 100 logements par hectare ; les aménageurs abandonneraient la notion de ” périmètre d'opération “ pour mieux reconquérir la ville, morceau par morceau.
Ariella Masboungi, architecte-urbaniste, Grand Prix de l'urbanisme 2016







