Construction Le marché du bois reste en croissance malgré la crise

Mode, prise de conscience écologique, effet Grenelle de l’environnement, le bois souffre moins que les autres matériaux de construction. La demande croissante des maîtres d’ouvrage publics ou privés attise les convoitises des négociants qui développent leurs gammes.

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La construction bois n’a pas échappé à la crise. « Un coup de frein brutal s’est fait ressentir au quatrième trimestre 2008 », déclare d’emblée Dominique Millereux, le secrétaire général de la Fédération des industries du bois construction (FIBC). L’hiver rude qui a suivi a également été très défavorable, tant pour les structures et les toitures que pour les autres éléments, comme les escaliers.

Pourtant, en dépit du retournement de conjoncture, le marché de ce matériau dans la construction est resté plutôt stable, voire en légère progression. Car, comme le souligne Dominique Millereux, « il y a désormais un effet bois, qui a démarré bien avant le Grenelle de l’environnement et s’est traduit par une demande de plus en plus forte des clients finaux et des maîtres d’ouvrage ». Cet effet bois est en réalité une conjonction de facteurs aussi divers que « l’environnementalement correct », pour des collectivités conscientes que leur population est davantage sensible à ce sujet, en passant par une politique tarifaire des charpentiers et menuisiers qui ne les place plus forcément sur le segment haut de gamme ou encore une plus grande pertinence des produits. Ainsi, les poutres en I continuent leur percée malgré la crise.

Importations chinoises

En termes de débouchés, un tiers des nouveaux bâtiments agricoles sont en bois, tout comme 20 % des édifices culturels. Le matériau progresse aussi sur le segment des bâtiments logistiques. Mais le premier marché est bien évidemment la maison individuelle maçonnée : 95 % des charpentes et 75 % des fermettes sont en bois.

Selon le Comité national de développement du bois (CNDB), le secteur des maisons à ossature bois (MOB) affiche depuis 2001 un taux de croissance largement supérieur à celui du marché de la construction. Néanmoins, les MOB ne représentent que 5 % des constructions neuves. Dans les régions de l’Ouest de la France : Pays de la Loire, Bretagne et Poitou-Charentes, ce pourcentage atteint toutefois 9 %.

Un secteur qui progresse plus vite que la moyenne finit immanquablement par attirer l’attention et attiser l’appétit de quelques acteurs. C’est, depuis trois ans, le cas des négociants. Désormais, Point.P, Réseau Pro ou encore le groupement MCD commercialisent leur offre dédiée à la maison à ossature bois. De son côté, Gedimat vient de créer une enseigne totalement bois visant à regrouper d’ici à 2010 une cinquantaine de distributeurs indépendants.

Ces négociants mettent en avant deux arguments pour expliquer leur implication : d’abord, la demande croissante à satisfaire, ensuite la difficulté rencontrée par les charpentiers et les menuisiers à investir dans des machines plus performantes. Ce dernier raisonnement agace Dominique Millereux. Selon lui, il y a aujourd’hui un suréquipement des entreprises, qui voient de plus des importations chinoises déferler sur le marché. « Les Chinois viennent chercher des grumes de chêne lorrain, qu’ils ramènent chez eux et nous renvoient transformées sous forme de parquets », relève le secrétaire général de la FIBC.

Le recul des essences tropicales

Concernant les essences, il semble que les bois tropicaux voient leurs parts de marché reculer, à la fois en raison de leur coût et du manque de garanties dont pâtissent les labels écologiques qui leur sont apposés. « Un coup de photocopieuse vite fait et un lot d’okoumé de provenance incertaine devient FSC ou PEFC, c’est-à-dire issu d’une forêt écologiquement exploitée », relève un négociant du Sud-Ouest de la France. Résultat : les essences européennes reprennent des couleurs, d’autant que 99 % des résineux du continent sont bel et bien certifiés. De plus, ceux-ci, comme les feuillus, peuvent être rétifiés (séchés puis chauffés à très hautes températures) et viennent se substituer aux bois tropicaux. En effet, par ce traitement, le hêtre roussit tandis que le chêne grisaille. De quoi répondre aux tendances du marché.

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