Coup d'envoi des hostilités à l'Assemblée sur la privatisation de GDF

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Les députés retrouvent jeudi les bancs de l'Assemblée pour se lancer dans une bataille effrénée sur le texte de privatisation de GDF où l'UMP, qui a réussi à se rassembler pendant l'été sur le dossier, va devoir affronter une gauche et des syndicats très mobilisés.

A huit mois de la présidentielle, PS et PCF veulent frapper fort et pour symboliser leur détermination, ils ont battu le record du nombre d'amendements déposés sous la Ve République avec plus de 137.000 amendements.

De leur côté, les fédérations CGT et FO de l'énergie organisent la riposte avec jeudi une consultation des quelque 70.000 salariés de Gaz de France sur la fusion de leur entreprise avec Suez, en préambule à une journée nationale d'action du 12 septembre.

Mercredi, le premier secrétaire du PS, François Hollande, qui doit ouvrir le feu jeudi à l'Assemblée en défendant la première motion de procédure, a d'ailleurs rencontré le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault. Ils ont affirmé leur volonté de voir échouer la privatisation de GDF au Parlement, et, si la loi passe, de prolonger le combat au delà.

L'UDF a aussi manifesté son mécontentement en annonçant qu'elle voterait contre le texte.

Dans les rangs UMP, une minorité de députés - une cinquantaine selon le sarkozyste Dominique Paillé - continue à s'insurger, comme Nicolas Dupont-Aignan qui a demandé mercredi à Jacques Chirac de suspendre le débat jusqu'au lendemain de la présidentielle.

Face à cette opposition, Thierry Breton (Economie) s'est déclaré mercredi "serein".

Après avoir passé son été à recevoir "un à un" les députés de son camp, majoritairement hostiles lors de la présentation du texte fin juin, il affirme que désormais "il y a une majorité". Souhaitant "un débat de qualité", il dit avoir "tout son temps", repoussant l'idée d'un recours au 49.3 (adoption sans vote).

Il estime néanmoins qu'il faut "agir vite" pour ne "pas laisser GDF de côté" car "si on ne prend pas cette fenêtre, la prochaine se présentera d'ici 18 mois à deux ans". D'ici là, dit-il, beaucoup d'acteurs stratégiques comme l'italien Enel se seront rapprochés et "qu'est-ce qui va rester pour GDF?".

Toutefois, après avoir pendant des mois défendu le bien fondé d'une fusion GDF-Suez, M. Breton n'écarte plus la possibilité d'autres alliances pour GDF. Ce glissement dans son discours a permis de rallier à la privatisation de GDF ceux des élus UMP qui étaient hostiles au projet, comme Claude Gaillard.

Reste que dans l'exposé des motifs du projet de loi, le gouvernement spécifie bien qu'il s'agit de permettre à terme la fusion avec Suez. Cette fusion donnerait naissance au premier groupe gazier européen et au 5e producteur d'électricité. Il pèserait 64 milliards d'euros de chiffre d'affaires, pour une valeur boursière d'environ 70 milliards. Une situation qui suscite l'attention de Bruxelles dont les objections pour cause de concurrence pourraient s'inviter dans le débat.

En vue de cette fusion, le texte prévoit une réduction de la part de l'Etat (80% actuellement) à "au moins un tiers du capital" de GDF et des actions spécifiques ("golden share") permettant à l'Etat de s'opposer aux décisions de l'entreprise qui menaceraient la sécurité d'approvisionnement en énergie.

Outre le volet privatisation, le texte organise l'ouverture complète à la concurrence des marchés européens du gaz et de l'électricité au 1er juillet 2007 avec des tarifs réglementés ou plafonnés pour particuliers et entreprises qui le désirent et un tarif social du gaz pour les plus démunis comme pour l'électricité.

Angélina Boulestiex (AFP)

Voir aussi sur le blogservatoire de la communication dans le BTP : "Privatisation de GDF : coup de com' réussi pour l'Assemblée"

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