La question des déchets du bâtiment remonte à la fin des années 1990. En 2000, les premiers plans départementaux de gestion des déchets du BTP ont été lancés.
Déjà à cette époque, des négoces se sont vu parfois proposer un rôle, le plus souvent en se dotant de mini-déchetterie dans les dépôts. L'enseigne Point. P, pionnière, collectait 647 tonnes de déchets dès 1999 (dont 75 % de déchets inertes) d'après l'Ademe.
Pourtant, l'intérêt des négociants paraît assez indirect : cette prestation (payante ou offerte) s'inscrit dans le cadre d'une stratégie de service. Le succès n'est donc pas garanti. L'entrepreneur, responsable du déchet, mène le jeu : il peut préférer des spécialistes de la filière déchets (Veolia et autres) ou avoir recours (tant qu'on lui en laissera la possibilité) aux déchetteries municipales. Le consultant Félix Florio ou encore Jean-Yves Burgy, directeur de Recovering (partenaire du programme « recyclage » de Placoplatre) pointent un clivage entre Paris et la province. « Dans le cadre du programme de collecte de plaques de plâtre, nous n'opérons avec le négoce qu'en région parisienne. En raison des contraintes de circulation, le dépôt des déchets dans le négoce y offre de réels avantages et le personnel des points de vente est expérimenté », explique ce dernier. « En régions, les artisans ont encore aujourd'hui, dans une large mesure, accès aux déchetteries municipales. Et cela leur convient », confie Félix Florio. à Houilles (78), au nord-ouest de Paris, la démarche de Jean-François Martin, directeur de Sefor-Gedimat (15 M€ de CA HT, deux points de vente, dont l'un à Paris intra-muros) est une réussite. L'intérêt est d'abord commercial, « l'artisan qui vient déposer ses déchets, ne repart généralement pas à vide ». En outre, cette prestation est facturée par le négociant (33 € par m pour les déchets inertes, 63 € par m pour les DIB). Un tarif calculé sur celui versé par le distributeur au transporteur et à la Coved (filiale de la Saur) pour leur récupération. « Nous dégageons ainsi une marge brute de 30 % », souligne le responsable, décidé à développer cette action (voir encadré ci-dessous).
Innovation dans le Sud
Il semble bien qu'on assiste actuellement à une relance des initiatives en régions. « Avec le Grenelle, on doit s'attendre à une très forte croissance du volume des déchets issus de la réhabilitation », estime Alexandre Vachet, Pdg d'Union Matériaux, qui teste sur deux points de vente une expérience innovante de mini- déchetterie en libre-service (voir page 5).
La centrale Gedimat Gedex a de son côté signé fin 2009 un accord-cadre national sur ce thème avec deux acteurs de la filière déchets en partenariat : Paprec (déchets de chantier) et Burban (spécialistes des palettes) « Dans la perspective du développement durable, l'objectif est à la fois d'aider les adhérents à gérer leurs propres emballages et de générer du trafic via la collecte », explique Olivier Merda, chef de marché. Dans la filière peinture, les déchets sont essentiellement des DIS (déchets industriels spéciaux). Le système Eco-relais peinture constitue un partenariat original développé avec succès, notamment en Normandie. Pour accéder au service chez le grossiste, l'artisan doit présenter une carte « Eco-relais peinture » délivrée par la Capeb. « Il n'est pas nécessaire d'être adhérent pour obtenir cette carte », précise le responsable de la section peinture du département de la Manche, Daniel Lechaplain. Dans le même domaine, citons aussi le « Contrat vert » lancé en 2009 par Comptoir Gauthier Seigneurie.
Jusqu'alors, suivant le principe du « pollueur-payeur », c'est l'entreprise de bâtiment qui est considérée comme le producteur du déchet et donc le responsable de son élimination. L'assistance du grossiste relève du volontariat. Avant qu'elle ne devienne obligatoire. La législation change. Voir en particulier l'article L 141-10-4 du Code de l'environnement qui devait entrer en vigueur au 1 janvier 2010, et qui concerne le marché national des peintures, vernis, solvants, etc. Il indique les devoirs et obligations des personnes physiques et morales mettant ces produits sur le marché en matière de déchets. « Les textes d'applications ne sont toujours pas parus. C'est un sujet très sensible », prévient Dorothée Bruchet à la Fédération nationale de la décoration.