Revaloriser, recycler ou mieux, réemployer la plupart des matériaux et équipements présents dans les 38 bâtiments à déconstruire, soit 70 000 m² de bureaux, sur un site de 12 ha.
Telle est la mission que s’est vu confier l’entreprise Cardem, filiale d'Eurovia (groupe Vinci), par la Métropole du Grand Paris. À Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), face au Stade de France, l’ancien site d’Engie, composé de bâtiments hétéroclites, disparaît au profit de la futur ZAC Plaine Saulnier.
Elle accueillera pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 le centre aquatique sur 2,4 ha et des installations provisoires qui laisseront ensuite la place à un quartier mixte sur les 9 autres ha.
Les travaux d’aménagements ont donc débuté en avril 2020 par le désamiantage et la déconstruction des 38 bâtiments existants, pour un montant de 12 millions d’euros HT de travaux, et devrait se terminer au printemps.
Cartographie des éléments de second œuvre
Dans un premier temps, les équipes de Cardem ont recensé avec leur partenaire BatiRIM, des différents matériels et matériaux. « Nous avons établi une cartographie détaillée des éléments de second œuvre, c’est-à-dire des faux plafonds, des moquettes, des porte-fenêtres, des plaques de plâtres …. qui peuvent être réemployés ou recyclés », explique Nicolas Masson, dirigeant de la société Cardem.
Concrètement, le logiciel nécessite de faire un relevé pièce par pièce afin d’identifier les différents éléments sur des fonds de plan. Des calques permettent ensuite de classer les produits par catégories et de préciser, via des commentaires, leur état.
Lors de la déconstruction sélective « les matériaux ont été démontés, triés, stockés et conditionnés pour être vendus ou donnés », explique Nicolas Masson. Un travail fastidieux qui précède le recensement des filières existantes de réemploi et de recyclage qui pourront absorber cette quantité de matériaux.
Une ressourcerie a ainsi été ouverte pour faciliter le réemploi d’éléments de second œuvre par des particuliers ou des associations voisines.

Délais serrés
Les équipes ont dû faire face, en plus de la crise sanitaire, à un planning extrêmement serré qui n’est pas en faveur de l’organisation du tri pour le réusage. « Un démontage soigneux demande davantage de temps. Cette nouvelle facette de notre métier impose de revoir nos méthodes », souligne le dirigeant d’entreprise.
Les ouvriers se sont formés sur le chantier, non seulement à distinguer ce qui est recyclable ou réemployable de ce qui ne l’est pas (en fonction de la conformité des gabarits par exemple, de la qualité …) mais aussi à déconstruire soigneusement et en toute sécurité.
Par exemple, la dépose des panneaux vitrés implique l’utilisation de ventouse pour éviter les blessures. On voit donc apparaître sur les chantiers de déconstruction des petits matériels qui permettent de déposer soigneusement sans se mettre en danger. »
60 % de valorisation en Seine-Saint-Denis
Malgré ces contraintes, le dirigeant assure que les défis ont été relevés. Sur les bétons, le taux de recyclage devait être supérieur à 99 %. « Objectif que nous avons atteint », souligne Nicolas Masson. « Le cahier des charges prévoyait le réemploi de 30 % du mobilier, nous avons atteint les 80 % », se félicite le dirigeant. Au total, sur 4 580 éléments référencés, nous en avons valorisé 3 700 en réemploi dont 836 armoires, 1049 chaises, 505 bureaux etc… Avec 60 % dans le seul département de Seine-Saint-Denis. »