Contrer l’accablante banalité des zones d’activités n’est pas tout à fait une cause perdue. Ainsi, dans le secteur de la Couronne-des-Prés, à Epône, l’habituel paysage de cubes de tôles réserve une surprise. Entre deux de ces « boîtes à chaussures », une drôle de structure en bois a surgi. Cette succession de modules juchés sur pilotis a été conçue par l’agence d’architecture parisienne Projectiles pour abriter les bureaux de Séquoia, une entreprise spécialisée dans les travaux de menuiserie et d’agencement intérieur. Jusqu’alors, celle-ci s’abritait dans deux entrepôts métalliques. Les bureaux étaient alors installés en mezzanine, dans le premier bâtiment, au-dessus de l’atelier de fabrication (avec ce que cela supposait de bruits et de poussière…). De plus, les employés devaient sans arrêt parcourir à ciel ouvert les dix-huit mètres qui les séparaient du deuxième bâtiment (l’atelier de finition). L’agence Projectiles a alors été invitée à trouver une solution, avec cette demande bien particulière formulée par Matthieu Dheilly, le dirigeant de Séquoia : « Nous voulons une cabane dans les arbres… »
Programme fragmenté
Finalement, c’est tout un chapelet de cabanes que l’agence Projectiles a fait proliférer en les dressant sur des troncs à peine équarris. « Nous avons ainsi réalisé une liaison couverte qui, à 4,50 mètres au-dessus du sol, ne crée pas de barrière entre l’avant et l’arrière de la parcelle, explique l’architecte, Daniel Mészáros. Et plutôt que de construire une énième boîte, nous avons fragmenté le programme. Les volumes abritent chacun un élément (le bureau d’études, le showroom, le secrétariat…), qui devient alors une petite architecture en soi. » Mis à part l’obligation de respecter une distance de six mètres par rapport aux ateliers existants, ces bureaux acrobatiques ont pu être implantés librement sur le terrain, ce qui donne à l’ensemble un caractère assez aléatoire. Par ailleurs, Projectiles a poussé la logique de la cabane au maximum en réalisant un projet totalement en bois, aussi bien en structure qu’en revêtement. Ainsi, les piliers sont-ils constitués de troncs pleins de pin douglas, tandis que les modules arborent une vêture et des menuiseries en mélèze. Le béton n’a été utilisé que pour les fondations. « Nous avons pris ce projet comme un cas d’école », admet Daniel Mészáros. Ce chantier de « bureaux ramifiés » a, par ailleurs, pu être mené à bien rapidement (dix mois) grâce à la préfabrication : chaque cabane est arrivée en deux parties, assemblées ensuite in situ.


