Hier abonné aux seconds rôles derrière les m3 de béton et les tonnes d’acier, le kWh accède désormais à une place de choix dans la fiche descriptive des bâtiments. Mais pour annoncer les performances réelles des constructions économes ou à énergie positive, encore faut-il procéder à des mesures nombreuses et répétées. Voire, en cas de problèmes, élaborer la cartographie énergétique détaillée des ouvrages afin d’identifier de nouveaux gisements d’économies. « Ce domaine du comptage et du sous-comptage est en pleine effervescence », observe Nicolas Pothelune, chargé d’affaires génie climatique du groupe Cesbron. Un phénomène apparu avec la montée en puissance du label BBC, puis amplifié avec le lancement du compteur électrique Linky d’ERDF (lire page 34). Programmable, fonctionnant à la fois en soutirage (consommation) et en injection (production d’énergie renouvelable), il est par ailleurs capable de recevoir ou d’envoyer des informations, aussi bien en amont (vers le fournisseur) qu’en aval (vers les équipements domestiques). En cela, Linky est probablement le meilleur exemple de ce que l’on appelle désormais les compteurs intelligents. Si ERDF s’en tient au qualificatif de « communicant », force est de constater que la mission de ces nouvelles solutions de comptage dépasse le strict cadre de la mesure pour s’étendre à la surveillance et à la gestion des installations électriques. En ligne de mire, ce fameux délestage qui pourrait limiter les risques de coupure dans les régions électriquement fragiles comme l’ouest de la France. Un créneau sur lequel se lance par exemple la société Voltalis, « premier acteur européen de l’effacement diffus ». Sous cette grande formule se cache en fait un tout petit boîtier, le BluePod, qui surveille la consommation au niveau des tableaux électriques afin de proposer ses offres de délestage à RTE.
Fréquence et simplicité des relevés
« Le comptage de l’électricité est en avance mais l’eau et le gaz sont sur ses talons », estime Florian Ortega de Colombus Consulting. Mis à part la nature du fluide et par conséquent le principe physique utilisé pour la mesure, la différence majeure entre tous ces compteurs (dans leurs versions communicantes) tient au mode d’alimentation de leurs circuits internes. Alors que les modèles électriques se servent directement sur le réseau, les autres font appel à des piles au lithium logées dans les modules radio venant se raccorder sur la partie mécanique (au départ passive) des compteurs. « Grâce à la durée de vie de ces piles, proche de quinze ans grâce aux progrès réalisés en matière d’électronique basse consommation, cela ne constitue pas un gros inconvénient », souligne Eric Frotey, responsable produits Eau chez Itron. Cette différence mise à part, les nouveaux compteurs d’eau, de chaleur (débit plus température) et de gaz offrent eux aussi beaucoup d’avantages : « La fiabilité et la simplicité des relevés, bien sûr, mais aussi la sécurité des données et la lutte contre les fraudes avec des alarmes qui sont enregistrées dès qu’il y a tentative de démontage », précise Isabelle Drochon, pilote opérationnel du projet de compteur communicant chez GRDF. Eric Frotey insiste, quant à lui, sur la possibilité de détecter précocement les anomalies (fuites, retours d’eau avec risque de contamination…) et sur la responsabilisation des consommateurs. « La fréquence des relevés va déjà dans le bon sens mais on pourrait imaginer des tarifs saisonniers qui permettraient d’économiser l’eau au moment où elle est la plus rare. »










