La notion de durabilité des matériaux, longtemps difficile à appréhender, est de mieux en mieux évaluée par les industriels. Il est vrai que le souci d’appliquer à la construction les principes du développement durable pousse les acteurs du BTP à rechercher des solutions pour maintenir dans le temps les performances des ouvrages. Les Eurocodes, nouvelles normes de conception des structures, imposent de prévoir la durée de vie des ouvrages, tandis que la nouvelle norme EN 206-1 appliquée aux bétons demande au prescripteur de définir l’environnement de l’ouvrage et les risques auxquels il sera soumis. La résistance au vieillissement des bétons passe par la diminution de la porosité, grâce à l’ajout de particules fines. Le matériau est ainsi moins sensible aux attaques des agents extérieurs.
Prolonger la vie de l’ouvrage
Pour protéger et entretenir les ouvrages existants, les fabricants de mortiers spéciaux proposent des gammes complètes de mortiers de réparation pour reconstituer les bétons et d’inhibiteurs de corrosion destinés à protéger les armatures d’acier. Ils développent des produits spécifiques s’adaptant à chaque type d’ouvrage en béton, depuis les mortiers à prise rapide recouvrables en moins de 24 heures par une peinture de finition jusqu’aux produits de réparation destinés aux ouvrages en béton armé apparent classés au titre des Monuments historiques restituant à l’identique la teinte et la texture du matériau de façade.
La durabilité d’un ouvrage passe aussi par sa capacité à s’adapter à de nouveaux besoins, de nouveaux usages. Il existe des solutions simples, peu volumineuses, pour renforcer des structures destinées à supporter des charges supplémentaires lors d’un changement de destination ou d’une surélévation. De minces lamelles formées de fibres de carbone enrobées dans une matrice époxy, collées en sous-face d’un plancher, permettent le renforcement en flexion de la dalle. Les contraintes sont transférées aux fibres de carbone qui présentent une grande résistance à la traction, à la compression, à la corrosion et à la fatigue. De même, le renforcement d’un poteau est réalisé par un revêtement en tissu de fibres de carbone collé sur le pourtour de la colonne.
Réduire l’entretien
Conserver plus longtemps l’aspect originel des façades est aussi une préoccupation des maîtres d’ouvrage. Pour le béton apparent, la brique ou la pierre, les hydrofuges de surface, pulvérisés ou appliqués au rouleau ou à la brosse, constituent une barrière aux eaux de ruissellement et diminuent l’accrochage des salissures. Autre solution au problème d’encrassement des façades, les peintures de ravalement deviennent auto-lavables: l’effet hydrofuge des peintures siloxanes est combiné avec une microstructure de surface qui réduit à l’extrême le contact avec l’eau et les salissures qui perlent sur la surface et laissent des façades sèches et propres.
Le béton autonettoyant va plus loin, il utilise l’oxyde de titane pour dégrader par photocatalyse les molécules organiques à l’origine des salissures. Expérimenté par le cimentier Calcia sur des panneaux de façade préfabriqués, ce produit est désormais sur le marché. Le Centre d’études et de recherche de l’industrie du béton (Cerib) travaille avec des industriels à l’élaboration de tuiles autonettoyantes, de revêtements de sol extérieurs et de mobilier urbain. Ces produits viendront compléter les vitrages autonettoyants, proposés depuis quelques années pour équiper les façades vitrées, les verrières et les vérandas.
Nettoyer l’atmosphère
Les revêtements de façade ont même l’ambition de dépolluer l’atmosphère. Un programme de recherche européen s’y emploie depuis trois ans: Picada (1). Ce consortium de huit industriels et laboratoires conduit par GTM Construction compte commercialiser, dès la fin de 2005, des produits incorporant du dioxyde de titane, applicables à froid en façade et développant des propriétés autonettoyantes et dépolluantes. Des tests sont réalisés sur un site pilote qui reproduit en réduction au 1/5e une rue où une source de pollution est générée artificiellement et soumise à des conditions atmosphériques naturelles mesurées. Des essais doivent être effectués à échelle réelle.