Le constat est peu réjouissant : le parc social national dédié aux étudiants compte 240 000 places, dont 175 000 gérées par les Crous, alors que le public âgé de 18 à 29 ans, potentiellement concerné, compte environ neuf millions d'individus. Avec une hausse de la population estudiantine de 6 % entre 2020 et 2024, le besoin en logements continue à s'accroître et contribue à la précarité de ces jeunes. Ces chiffres, le Premier ministre les rappelle en préambule d'une circulaire publiée le 27 août qui organise la mobilisation pour préparer un Plan national en faveur du logement étudiant. L'idée étant de créer d'ici 2027, 30 000 places en logements étudiants à vocation sociale et 15 000 logements locatifs intermédiaires (LLI).
François Bayrou y demande aux préfets de région et recteurs de région académique de bâtir des plans régionaux d'ici le 30 septembre 2025, et leur livre les objectifs régionaux de production pour l'échéance de 2027. Ces derniers sont actualisés par rapport à ceux qui avaient été fixés dans le cadre de la circulaire ministérielle du 12 février 2025 relative à la programmation annuelle des aides à la pierre.
Feuilles de route
Pour réaliser ces feuilles de route régionales, les destinataires de la circulaire doivent recenser « les nouvelles opportunités foncières sur les secteurs les plus prioritaires en besoins de logements étudiants ».
Ils sont invités aussi à encourager le développement de montage d’opérations en LLI sous forme de résidences services destinées à des étudiants ou jeunes actifs.
Enfin, ils doivent« favoriser les opérations innovantes tant en matière de production de logement locatif social (LLS) que de LLI », en mobilisant tous les leviers : « transformation de locaux administratifs et bureaux, recours à la construction hors site, densification de fonciers, surélévation, construction de résidences réversibles ou la création de structures de portage du type foncière, le cas échéant, en partenariat avec les collectivités locales ».
Double pilotage
Autre mesure à mettre en place :un pilotage régional en faveur du logement étudiant autour du binôme préfet/recteur accompagné par le niveau national.
Un comité de pilotage régional composé des principaux acteurs concernés (établissements publics d'enseignement supérieur, Crous, établissements publics d'aménagement et établissements publics fonciers, collectivités, bailleurs, promoteurs privés, Banque des Territoires...) se réunira ainsi au moins deux fois par an. Il rendra compte aux ministres chargés du logement et de l'enseignement supérieur des avancées réalisées au regard de la feuille de route régionale et des cibles fixées.
A noter qu'une plateforme numérique pour recenser les résidences sociales étudiantes, gérées par les Crous, les bailleurs sociaux ou des associations est en cours de déploiement. L'exécutif demande aux préfets de mobiliser les bailleurs sociaux de chaque territoire afin qu'ils fournissent les données concernant leur parc de logements.
Au niveau national,une « task force » interministérielle a été créée pour aider au déblocage de certaines opérations, sur les plans juridiques et financiers notamment. Les deux ministres ont aussi mis sur pied des groupes de travail nationaux pour simplifier plusieurs démarches (en matière de construction hors-site, de reconversion de bureaux en logements, etc.), ainsi qu'un comité de pilotage stratégique du Plan national en faveur du logement étudiant réunissant les principales régions en tension et acteurs nationaux (Caisse des dépôts, Cnous, USH...) qui se tiendra une fois par an. La première réunion aura lieu dès septembre.
Un financement Agile
Ce plan bénéficiera des financement de la Banque des territoires via son programme Agile. Doté de 5 milliards d'euros, celui-ci « soutiendra la construction, en dette et en fonds propres, la transformation d'actifs existants et la réhabilitation lourde » de «75 000 logements étudiants d'ici 2030, dont 45 000 sur la période 2025-2028 ».