Le choix des revêtements de sol est un facteur essentiel de la réussite d’un projet d’aménagement extérieur. Il participe à l’identification des espaces, à la caractérisation des voies, à la mise en valeur du patrimoine, voire à la sécurité des usagers. Ce qui suppose de définir quels seront ses usages (voies piétonnes, pistes cyclables…) et les trafics attendus. A ces critères s’ajoute parfois le caractère drainant des revêtements pour ne pas créer de surfaces imperméables supplémentaires. C’est le cas dans les projets intégrant la gestion des eaux pluviales ou relevant de la démarche de haute qualité environnementale. Les revêtements doivent également répondre à des exigences de maintenance. Difficile de faire valoir ses qualités si l’on ne supporte pas le gel, les sels de déverglaçage ou encore un nettoyage haute pression.
Le pavage a la cote
Un temps dénigré pour le bruit qu’il engendrait, le pavage a le vent en poupe. En témoigne la large palette de produits à disposition des prescripteurs: pierre naturelle comme le granit, pierre reconstituée imitant l’aspect vieilli des pavés d’autrefois ou revêtement «synthétique» de faible épaisseur imitant l’aspect pavage. Les secrets de cette imitation: une irrégularité des formes, un léger relief de surface, des nuances naturelles et un début de patine. Pour façonner sa collection Piedra, le fabricant Basaltine a même pris soin de relever d’authentiques empreintes de pierres anciennes. Les pavés savent répondre aux nouveaux modes de transport collectif. Leur usage n’est pas limité par l’intensité du trafic. Ainsi, le système City-Truck de Kronimus, composé de pavés autobloquants aptes à supporter des trafics lourds (T3), a été utilisé pour l’aménagement de la gare d’Angers. A Bordeaux, 2 000 m2 de pavés de granit en provenance de Chine (Cominex) habillent le passage du tramway sur l’avenue Thiers. Des pavés de granit que les industriels proposent bruts de sciage, poncés, adoucis, bouchardés, voire flammés. Cette dernière finition consiste à faire subir à la pierre un choc thermique chauffage à 1000°C et refroidissement brutal – qui entraîne l’éclatement de la surface du granit, le rendant légèrement rugueux.
Dalles podotactiles pour malvoyants
Le pavage peut également être imité par des revêtements continus, béton ou enrobés, gaufrés «façon pavés». La société rennaise Aspo propose une technique alternative baptisée «Ascodal» qui consiste à coller des plaquettes de granit de 12 mm d’épaisseur – format 10¥10 cm ou 14¥ 20 cm – directement sur un enrobé. Un procédé délicat à mettre en œuvre mais qui s’adapte aux trafics lourds.
Souvent mariées aux pavés, les dalles étoffent également leur palette avec davantage de formes, de formats et de teintes. Soumises à des conditions de vie urbaines éprouvantes, elles bénéficient de traitements de surface pour une meilleure résistance à l’abrasion, aux huiles automobiles… Exemple chez Birkenmeier avec le traitement CleanTop réputé rendre les dalles antisalissantes, antitaches et qui empêche les efflorescences calcaires. A noter que les gammes de dalles intègrent de plus en plus souvent des produits dits podotactiles qui, grâce à des nodules en surface, servent à la signalisation pour les malvoyants.
Valoriser les granulats
Outre la pierre sous forme de pavés ou de dalles, on note une poussée des revêtements laissant apparaître les granulats. Le béton désactivé figure en bonne place dans la palette des aménageurs au même titre que les enrobés utilisant un liant translucide. Dans cette optique, Eurovia a mis au point l’Agrevia, un procédé qui consiste à faire apparaître les granulats d’un béton bitumineux à chaud par grenaillage, une solution habituellement utilisée pour rendre de l’adhérence aux revêtements ou avant application de l’étanchéité d’un ouvrage d’art. Notons enfin qu’en aménagement extérieur, la collaboration entre industriels et designers continue de faire ses preuves. Après le mobilier urbain et le matériel d’éclairage, c’est au tour des revêtements de sol. Après le fabricant espagnol Escofet qui a fait plancher designers et architectes, Santa & Cole présente des pavés «picturaux» conçus par Antoni Rosello, rendant hommage à Piet Mondrian, Paul Klee, Vassili Kandinsky et Henri Matisse.