Si le développement durable n’est pour certaines entreprises qu’un nouvel axe de communication, de vraies démarches opérationnelles se mettent progressivement en place chez les industriels de la construction. Selon ce concept, qui repose sur trois piliers (économique, social et environnemental), une entreprise doit non seulement se soucier de sa rentabilité et de sa croissance, mais aussi de ses impacts environnementaux et sociaux.
Les industriels qui ont intégré la démarche de responsabilité sociale et environnementale dans leur stratégie sont encore rares. Il s’agit en général de grands groupes cotés, aux implantations internationales, qui se sont dotés de compétences spécifiques et publient un rapport annuel de développement durable mesurant la mise en application de leurs principes d’action. Le groupe Lafarge en est ainsi à son quatrième rapport. Il est partenaire, depuis l’an 2000, de WWF International qui l’aide à progresser et à fixer des objectifs dans quatre secteurs : le changement climatique, la construction durable, la biodiversité et les polluants persistants. Et il participe à la lutte contre le sida sur ses sites, en Afrique et en Asie. Les PME implantées dans l’Hexagone n’ont évidemment pas la même démarche en matière de politique sociale, secteur très encadré par la réglementation et pris en charge par d’autres instances. Mais les initiatives se multiplient pour favoriser les démarches environnementales, comme la création d’outils de diagnostic ou de management et la définition d’indicateurs fiables et objectifs.
Eco-conceptiondes produits. L’Association des industries de produits de construction (AIMCC) encourage les approches d’éco-conception pour les produits et la certification volontaire ISO 14 001 pour les sites de production. Les industriels sont de plus en plus nombreux à établir des fiches de déclarations environnementales et sanitaires (FDES) qui permettent de déterminer la contribution des produits de construction aux impacts environnementaux et sanitaires des bâtiments. Rédigées selon les principes de la norme NF P 01 010, elles fournissent une information objective sur l’impact environnemental des produits tout au long de leur cycle de vie. Une base de données hébergée par le CSTB et accessible sur Internet, baptisée Inies (information sur les impacts environnementaux et sanitaires), rassemble ces fiches fournies par les fabricants ou les syndicats professionnels.
Au-delà des exigences réglementaires concernant, en particulier, les rejets polluants des sites de production dans l’air et l’eau, de plus en plus d’industriels se préoccupent de l’impact de leurs produits au-delà de leur usine et conduisent des recherches orientées sur le bilan écologique et le cycle de vie des produits. Et c’est là une source d’innovation.
De l’usine au cycle de viedu produit. Ainsi, pour tenir compte du traitement environnemental des déchets, non seulement lors de la production mais aussi de la mise en œuvre et de la démolition, ils travaillent sur la valorisation des emballages, l’installation de plates-formes dédiées aux déchets sur les chantiers et le recyclage des matériaux.
L’utilisation de matériaux renouvelables et non polluants est de plus en plus privilégiée. Ainsi, les fabricants de parquets et de menuiseries bois affichent le label PEFC (projet européen des forêts certifiées) qui garantit que les bois utilisés proviennent de forêts gérées durablement. Selon la politique du « zéro déchet », tous les panneaux à base de bois d’Isoroy sont fabriqués à partir de chutes de scierie ou de bois de recyclage.
Et, lorsqu’il faut tout de même puiser dans les ressources de matières premières non renouvelables, les industriels cherchent à économiser la matière. Ainsi, les producteurs de tuiles travaillent – avec le Centre technique des tuiles à briques (CTTB) – à l’élaboration de tuiles moins épaisses mais tout aussi résistantes. Elles consommeront ainsi moins de matière et d’énergie de cuisson et seront plus légères, d’où une économie de transport.
Outre la limitation de la consommation d’énergie, les industriels font appel à des combustibles alternatifs. Chez Lafarge, où les fours de cimenterie représentent plus de 80 % de la consommation énergétique du groupe, les combustibles fossiles sont remplacés par des vieux pneus, des huiles usagées ou des déchets végétaux. Au total, c’est près de 8,5 % de l’énergie consommée qui provient de ces carburants de substitution.
Chez Soprema, spécialiste de l’étanchéité et certifié ISO 14001 depuis janvier 1998, une « direction des ressources » a été créée. Elle prend en compte l’impact des produits sur l’environnement et sur la santé – depuis la conception jusqu’à la destruction – et diffuse dans l’entreprise une véritable culture environnementale. La société a investi plus de 3,5 millions d’euros depuis la mise en place de son système de management environnemental. Ce qui lui a permis de réduire ses consommations d’eau et d’énergie, les matières résiduelles solides, ainsi que les coûts liés à la perte de matières premières. Une économie qui se chiffre à environ 300 000 euros par an et par unité de production.

