Comment avez-vous été amenée à remplacer Michèle Pappalardo ?
Après 5 ans de présidence de l'Ademe et 3 ans et demi au Commissariat général au développement durable, Michèle Pappalardo a souhaité prendre un peu de recul. Comme j'ai beaucoup travaillé à l'élaboration du Grenelle de l'environnement, Nathalie Kosciusko-Morizet m'a tout simplement demandé si je voulais prendre la relève.
Que signifient concrètement les fonctions de Déléguée interministérielle au développement durable et de Commissaire générale au développement durable ?
En tant que Commissaire générale au développement durable, je suis au ministère en charge du développement durable. Je vais donc notamment travailler à la parution des quelque 200 décrets issus du Grenelle de l'environnement, à l'économie verte etc.
En tant que Déléguée interministérielle au développement durable, je dépends du Premier ministre. A ce titre, ma mission consiste à faire en sorte que l'Etat soit exemplaire en déclinant la stratégie nationale de développement durable dans les différents ministères.
Vous avez participé à l'élaboration des textes de loi dit Grenelle 1 et 2. Ils n'imposent, contrairement au neuf, aucune obligation de résultat sur l'existant. Pourquoi ?
Le Grenelle a bien identifié les bâtiments existants comme le sujet principal en termes d'impact. Mais avec « le neuf », toutes les possibilités sont ouvertes pour agencer le bâtiment et ses composants de manière à atteindre les objectifs prescrits. Avec « l'ancien », on part d'une donne plus ou moins réussie et compliquée, et très diverse. Le mode opératoire le plus immédiat pour la rénovation était donc l'incitation. En proposant des facilites fiscales ou en demandant l'affichage des performances des bâtiments, on favorise la constitution d'une offre adaptée à la diversité des situations.
Le maître d'ouvrage doit donc disposer d'une capacité financière et d'offres techniques pertinentes pour décider une rénovation thermique. Il fallait commencer en enclenchant des modes de financement et en développant des qualifications techniques, afin de pouvoir ensuite faire diffuser ces opérations de façon importante.
Pour mesurer le changement qui commence à s'opérer dans le monde du bâtiment, on peut le comparer au remplacement de l'idée de vendre un bâtiment par celle de livrer des services d'habitat. C'est un changement de paradigme. Peut-être que, le contexte énergétique, économique et climatique aidant, ces évolutions majeures deviendront des habitudes sans que des obligations soient nécessaires? La suite de l'histoire n'est pas écrite.
Ne pensez-vous pas que la France manque d'ambition dans le domaine du photovoltaïque ?
La politique issue du Grenelle a plutôt été très volontariste, créant une sorte de bulle. En conséquence, son financement n'était pas tenable et la demande dépassait de loin les capacités de production. La trajectoire a été rectifiée, non sans a-coups. Mais il ne faudrait pas prendre de retard sur les performances des produits.
Quel est votre sentiment sur le nucléaire ?
Cette question ne doit pas être abordée de manière théorique ni séparée de l'ensemble des énergies disponibles. Elle combine aussi du social, de l'économie industrielle et générale et de l'environnement. De nombreux travaux sont en cours aux niveaux international, européen et national.
Vous allez devoir vous occuper du développement des métiers dits « verts ». Ne pensez-vous pas qu'en France, les PME innovantes souffrent du cadre réglementaire ?
Le principal problème, en France, c'est le passage de la conception de l'innovation au développement de celle-ci pour les PME. Le Prebat doit apporter aussi beaucoup dans ce domaine.