Eiffage a bien du mal à se dépêtrer de l'histoire des "factures", réglées par David Roquet, directeur de sa filiale Matériaux et Enrobés du Nord (lire notre article). Alors que les montants annoncés dans la presse sont de plus en plus importants - le Journal du Dimanche du 30 octobre, fait état d'un audit mené par Eiffage qui aurait permis de mettre au jour des factures pour un montant total avoisinant 30.000 euros - et donc de moins en moins susceptibles d'être passés inaperçus au sein du groupe, voilà qu'Eiffage voit Mediapart tourner maintenant son regard vers l'attribution du contrat de partenariat du Grand Stade de Lille.
Si le quotidien en ligne précise qu'"à ce jour, aucun lien ne se dessine avec l'affaire du Carlton" (1), il n'en reste pas moins pour ses journalistes qu'à la lumière des récents événements le "revirement de dernière minute des élus de Lille Métropole" lors de l'attibution en 2008 du PPP à Eiffage aux dépens de Bouygues et Vinci, "interpelle".
Alors qu'un premier rapport avait classé le projet de Bouygues en tête, "surprise une semaine plus tard, en séance plénière, 82% des conseillers communautaires votent pour le projet Eiffage, sur la base d'un nouveau rapport modifiant le classement", rappelle Mediapart. Un nouveau rapport dont l'honnêteté est ensuite mise en doute dans l'article, qui évoque la plainte contre X déposée par Eric Darques - ancien conseiller municipal de Lambersart et fondateur de l'association de lutte contre la corruption Anticor - pour "faux et usage de faux et atteinte à l'égalité des candidats dans l'accès au marché public".
Conclusion sous-entendue : si des gens placés au sein du groupe Eiffage peuvent couvrir des "personnalités" de "cadeaux", pourquoi pas des élus en position de leur attribuer un contrat...
Pour Me Thierry Dalmasso, avocat d'Eiffage, c'est le raccourci de trop : "Il faut cesser avec toutes ces insinuations de toutes sortes qui portent atteinte à l'image d'Eiffage et à ses 70.000 salariés". "Eiffage n'a rien à voir avec le comportement personnel de M. David Roquet qui n'est en rien, ainsi que sa société, intervenu dans le marché du stade de Lille", a poursuivi l'avocat. "Le groupe Eiffage a gagné en toute transparence ce marché car il avait tout simplement le meilleur projet. Eiffage considère comme scandaleuses toutes ces calomnies et se réserve toutes voies de droit pour faire cesser ces atteintes à son image et à celle de ses salariés", a affirmé Me Dalmasso.
De son côté, Bertrand d'Hérouville, président d'Elisa (Eiffage Lille Stadium Arena), la société concessionnaire du stade a affirmé : "Tout est fait pour que le stade soit livré courant de l'été 2012."