L’un des enjeux techniques principaux du projet de la maison départementale des sports de Montpellier (Hérault) était de tendre vers la performance d’un bâtiment à énergie positive. « D’un point de vue énergétique notre réflexion était globale », souligne Valentin Trollé, directeur associé du bureau d’études Ingénierie nature environnement (INE). Celle-ci s’organisait autour de deux axes de travail principaux : la réduction des consommations durant la vie du bâtiment et celle de l’énergie dépensée lors de sa construction, dite énergie grise. « Dans le cas d’un bâtiment à énergie positive, les calculs ont démontré l’importance de l’énergie grise, poursuit Valentin Trollé. Elle peut se révéler plus élevée que l’énergie consommée par l’édifice sur une durée de trente ans. » Il s’agissait donc ici de privilégier des matériaux économes en énergie et en émissions de CO2 : façade en bois, isolation en ouate de cellulose et éléments structurels (poteaux, poutres, dalles) constitués d’un béton dont la base cimentaire incorpore 30 % de laitier de hauts-fourneaux Ecocem en substitution du clinker. L’utilisation de ce laitier moulu, coproduit de la métallurgie et qui de fait émet quarante fois mois de CO2 qu’un clinker, a permis de réduire les émissions de C02 de plus de 30 % sur le chantier.
Des bétons à la carte
Techniquement, le béton à base de laitier est également très efficace. Le laitier génère des performances mécaniques accrues à long terme avec une plus grande durabilité des bétons ainsi formulés, la résistance élevée aux agressions chimiques - chlorures, sulfates et réaction silico-alcaline - rendant le produit très intéressant dans toutes les applications de fondations. En revanche, la prise des bétons à base de laitier se révèle moins « nerveuse ». « Mais ce retard à l’allumage se transforme en avantage lorsqu’il faut bétonner en plein été, sous fortes températures, ou lorsque les temps de transport de la centrale au chantier sont importants », commente Murielle Janin, la responsable développement marchés d’Ecocem.
La cerise sur le gâteau est esthétique, puisque « les bétons de la maison départementale des sports se distinguent par leur teinte claire et leur rendu lisse », estime Valentin Trollé.
« Mais la vraie nouveauté de notre laitier réside dans sa commercialisation en direct auprès des producteurs de béton », précise Murielle Janin. Le produit est ainsi livré moulu, prêt à l’emploi, aux centrales à béton qui n’ont plus, dès lors, qu’à adapter les formulations en fonction des spécifications de chaque chantier.
Sur le plan réglementaire, la nouvelle mouture de la norme CN - en vigueur depuis décembre 2012 - autorise un pourcentage de substitution pouvant atteindre 30 % dans quasi toutes les classes d’environnement et, nouveauté, « jusqu’à 20 % pour des CEM II », précise Murielle Janin. Des pourcentages qui peuvent être beaucoup plus élevés pour les « bétons d’ingénierie » (lire p. 35) produits sur chantier, sous réserve que l’entreprise justifie des performances finales au travers d’essais de convenance.
