C'est le rêve d'économie circulaire de tout producteur de verre plat destiné aux vitrages du bâtiment : fabriquer son produit à partir de verre recyclé et broyé - le calcin - pour économiser du sable et utiliser moins d'énergie pour ce faire (le calcin a un point de fusion inférieur au sable) en abaissant ainsi son bilan carbone final.
Début mai, Saint-Gobain a poussé sur son site d'Aniche (Nord) la logique jusqu'au bout : "Nous avons réussi la production de 2000 tonnes de verre plat en remplaçant totalement le sable par du calcin, alimenté le four uniquement avec du biogaz et utilisé de l'électricité 100% décarbonée pour la chaîne de production", s'est félicitée lundi 16 mai Maud Thuaudet, directrice générale de Saint-Gobain Glass France.
100% de calcin et 100% d'énergie décarbonée c'est une première mondiale pour le groupe - qui jusqu'à présent "tournait" autour de 15 à 30% de calcin dans ses produits - qui lui a permis d'économiser 2640 t de sable, 1020 t de CO2 pour la production de 100 000 fenêtres.
Structurer la filière de recyclage
Une belle réussite qui pour être renouvelée nécessitera cependant à l'avenir de renforcer la filière de récupération de la matière secondaire. "Pour l'instant, nous récupérons nos chutes de production et nous avons mis un en place une filière de recyclage en boucle fermée (le groupe ne récupère que du verre Saint-Gobain pour s'assurer de sa qualité NDLR) en déconstruction. Nous avons également fait installer un centre de tri sur le site d'Aniche", a détaillé Maud Thuaudet.
La marge de progression est énorme : aujourd'hui, seuls 5% des 200 000 tonnes de verre plat issues de la déconstruction en France sont transformés en calcin réutilisable.
Saint-Gobain, qui devra également sécuriser un approvisionnement en énergie verte vise dans un premier temps l'incorporation de 50% de calcin dans son verre plat d'ici 2030.
"Nous allons lancer d'ici la fin de l'année notre offre de verre décarboné certifié", a annoncé Benoit D’Iribarne, directeur de la Technologie et de la Performance industrielle. "Il y aura évidement un surcoût - de plusieurs dizaine de % - lié à la collecte, au démantèlement puis au tri des produits verriers et enfin au prix du biogaz. Mais la hausse à terme du prix du carbone devrait permettre de compenser ce surcoût", a-t-il estimé.