Efficacité énergétique Les peintres parient sur l’isolation par l’extérieur

Malgré l’érosion de leurs carnets de commandes, les peintres ne veulent pas céder à la morosité. Le Grenelle de l’environnement leur ouvre de réelles opportunités, notamment via l’isolation thermique par l’extérieur. De leur côté, les industriels développent une offre d’enduits minces sur isolant.

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PHOTO - EVE Peintres Isolation ext11.eps

Halte au catastrophisme ! Tel est le message que Philippe Bertolani, président de l’UPPF (Union professionnelle peinture finitions de la FFB) veut faire entendre. « Nous ne nions pas la crise, ni ses effets. Mais la tendance au pessimisme qui a présidé à ce début d’année n’incite ni les entreprises à investir, ni les clients à consommer. Les carnets de commandes des entreprises de peinture se réduisent mais ils demeurent satisfaisants : entre trois et quatre mois d’activité. » Logiquement, les corps d’état de finition, dont les entreprises de peinture, sont les derniers à ressentir les effets d’une crise. « Dans le neuf, nous travaillons sur des fins de programme de sorte que nous ressentirons vraisemblablement un ralentissement en fin d’année. Mais je rappelle que l’essentiel de notre activité (75 à 80 %) s’inscrit dans la rénovation et que, dans ce domaine, les travaux sont nombreux. Sans être d’un optimisme béat, mais en restant réaliste, le Grenelle de l’environnement ouvre de réelles opportunités aux entreprises de peinture. » En effet, en mettant l’efficacité énergétique des bâtiments au cœur des débats, le Grenelle de l’environnement offre de nouvelles perspectives à un marché jusqu’alors stagnant : l’ITE, isolation thermique par l’extérieur. Et parmi les solutions techniques d’ITE, l’enduit mince sur isolants mis en œuvre par les peintres se taille la part du lion. « En 2008, c’est un marché qui s’est élevé à 250 millions d’euros, indique Philippe Bertolani. Et nous prévoyons qu’il double chaque année à compter de 2010. »

Traitement global de l’enveloppe

Lutte contre les logements « passoires », incitation fiscale à travers l’Eco-prêt à taux zéro… Le relais de croissance est prometteur. « Mais il ne s’improvise pas. Il faut former ses équipes. Celles d’application mais aussi l’encadrement », rappelle Jacques Letort, qui transmet actuellement son entreprise (FIR) à ses deux fils (lire témoignage ci-dessous). De nombreuses formations se sont mises en place et les fédérations professionnelles travaillent à l’information de leurs adhérents. Ainsi, la FFB sortira un guide rassemblant « L’essentiel sur l’ITE » en octobre. Un mémento compilant tous les renseignements (juridiques, réglementaires…) nécessaires à une entreprise qui voudrait investir cette activité. Pour Frédéric Poggia, gérant de Poggia Sarl à Seyssinet-Pariset en Isère, il faut réfléchir à l’échelle de l’enveloppe globale. C’est pourquoi il participe à la création d’un groupement d’entreprises pour les prestations de rénovation énergétique (lire ci-contre).

La manne de l’ITE aiguise également l’appétit des industriels qui ont bien compris le potentiel de ce marché, notamment via les enduits minces sur isolant. « Nous avons toujours eu une offre dans notre catalogue, mais nous l’avons véritablement relancée en 2002 », indique Mathieu Couturier, chef de marché ITE chez PPG - Comptoir Seigneurie Gauthier (CSG). Avantage supplémentaire pour le groupe SigmaKalon dont font partie les deux marques : sa distribution intégrée au travers des 170 négoces CSG. Ainsi, depuis un an, PPG a rendu son offre beaucoup plus visible dans ses points de vente : par des totems, de la publicité sur le lieu de vente (PLV) mais aussi par de l’accompagnement sur chantier, et en proposant de l’information et de la formation à ses clients peintres. « Le but est qu’ils puissent rendre le message de l’ITE intelligible à leurs propres clients de la manière la plus didactique possible tout en restant technique », précise Mathieu Couturier qui déplore que bien souvent, par manque d’information, les clients finaux remplacent leur chaudière avec le crédit d’impôt avant d’avoir le réflexe d’isoler.

Des certificats pour les entreprises

Traditionnellement distribué dans les négoces matériaux, Parex Lanko a également bien pris conscience de la nécessité d’aller toucher le peintre. « Nous sommes en pleine réflexion sur le meilleur moyen d’y parvenir », confie Laurent Goetgheluck, chef de marché ITE chez le fabricant. « Mais nous voulons être capables de proposer une offre globale allant des rails de fixation de l’isolant à l’enduit mince. » Parex Lanko pourra s’appuyer sur le retour d’expérience de Zolpan, numéro deux des enduits minces, qui fait partie du même groupe (Materis). De son côté, Tollens, autre filiale Materis, vient de se lancer sur le marché avec son offre Toll-O-Therm qui s’adresse aux peintres, mais aussi aux façadiers et aux maçons.

Enfin, le leader du secteur, Sto, qui dispose depuis longtemps de l’offre complète, mise sur la formation. « Jusqu’à présent nous informions nos clients. Depuis 2008, nous avons déployé cinq centres de formation et créé un certificat Pro ITE », explique Christophe Henry, en charge du marketing. « L’idée est de proposer ce certificat aux entreprises les plus compétentes, avec des obligations, comme l’antériorité sur le marché de l’ITE, le faible taux de sinistralité ou la mise en œuvre de systèmes sous avis techniques exclusivement. » D’ores et déjà, une trentaine d’entreprises bénéficient du certificat. Sto s’est fixé pour objectif de passer la barre des cent entreprises fin 2009.

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