Fibois sud et l’association des communes forestières de la région Provence Alpes Côte d’Azur (Paca) poursuivent leurs actions de sensibilisation à la construction bois.
Ce 26 juillet, à Septèmes-les-Vallons (Bouches-du-Rhône), à l’occasion de la visite du chantier de réhabilitation d’une ancienne villa surélevée et étendue pour accueillir six logements, Léane Quernec et Grégory Cornillac, respectivement chargée de mission chez Fibois et directeur-adjoint des Communes forestières, ont pu expliquer leur rôle dans ce projet voulu exemplaire par la commune qui en assure la maîtrise d’ouvrage. « Soutenir une filière locale naissante implique d’être bien entouré », a insisté Léane Quernec. « C’est un chantier qui illustre l’importance de la mise en relation des différents intervenants et des études en amont si on veut réussir une opération pensée pour être exemplaire », a renchéri Sophie Celton, Première adjointe déléguée à l'habitat à Septèmes-les-Vallons.

La villa dans son état antérieur et le projet d'extension.© Atelier Aïno
Biosourcés
D’ailleurs, assistée du bureau d’études environnemental Domène Scop, la commune a confié en juillet 2020 l’opération à l’agence marseillaise Aïno dont les architectes, militants, promeuvent le réemploi et le recours aux matériaux biosourcés. Dans ce sens, conseillés par Fibois Sud et les Communes forestières, les services techniques de Septèmes-les-Vallons et la maîtrise d’œuvre ont, par exemple, décidé de construire la surélévation et l’extension en pin d’Alep. Désormais intégrée dans la norme sur le bois dans la construction, l’essence, majoritaire en Paca, est une ressource que la filière souhaite mettre en avant.
Ce contexte a fait dire à Emile Lièvrement, dirigeant de la scop Exebois, titulaire du lot « charpente et ossature bois », que le chantier est « phare et atypique ». Son expérience du pin d’Alep sur le projet de club house à Coudoux a joué, mais aussi son engagement. Il faut dire qu’il est une des chevilles ouvrières du succès d’une opération qui a mal débuté.
L’entreprise CBA, titulaire à l’origine du lot « gros œuvre-charpente et structure bois », a été liquidée en 2023 obligeant la commune à relancer une consultation. Le temps de la procédure, les champignons ont envahi les quelque 50 billons de pin d’Alep qu’elle avait pris soin d’acheter et de stocker en prévision du chantier. Obligés de repartir à zéro avec un surcoût estimé de 6 000 euros sur un marché de 140 000 euros, la commune, les architectes et Exebois, choisie en octobre 2023, se mettent en quête de pin d’Alep secondés par Fibois. Le manque de disponibilité va les obliger à diversifier leurs ressources.

Les murs en ossature bois ont été fabriqués avec du pin d’Alep. Le plancher et la charpente l’ont été avec du pin noir. © C.W
10 m3 de pin d’Alep
Au final, l’entreprise va utiliser 10 m3 de pin d’Alep pour réaliser les murs en ossature bois et 10 m3 de pin noir, autre ressource locale, pour le plancher et la charpente. « Nous ne pouvions pas utiliser le pin d’Alep comme prévu à l’origine. Les bois disponibles n’atteignaient pas les 4 m nécessaires pour réaliser les solives du plancher. Nous avons donc opté pour du pin noir qui offre des arbres hauts dépassant les 4 m. De la même manière, nous avons acheté 10 m3 de lamellé-collé en épicéa. L’essence est non locale mais, pour le moment, il est impossible de fabriquer du lamellé collé en pin d’Alep car la colle utilisée pour les autres essences n’est pas adéquate. D’où un travail de recherche en cours», explique Emile Lièvremont.

Les éléments de charpente et de l’ossature sont arrivés en deux phases sur le chantier. © C.W.
800 h de travail
Sélectionnés en février 2024, les 20 m3 de bois, une fois sciés, séchés et rabotés, sont arrivés dans son atelier pour être préfabriqués. Arrivés sur le chantier en deux phases à la mi-juillet et fin juillet, les éléments de la charpente et de l’ossature sont actuellement mis en œuvre par ses compagnons. Mi-août, après 800 h de travail en comptant le travail en atelier, le transport et la pose, ils passeront le relais à l’entreprise Vivian et compagnie pour notamment remplir de terre crue l’ossature-bois au rez-de-chaussée et à l’étage et réaliser l’enduit de façade.

Organisée par la commune de Septèmes-les-Vallons avec Fibois Sud et l’association des communes forestières de Paca, la visite du chantier, organisée le 26 juillet, a servi à mettre en avant une démarche d’utilisation d’essences locales. © C.W
C’est là un des volets de l’opération portée par la commune avec l’aide de son assistant à maîtrise d’ouvrage, Domene Scop. L’agence Aïno est missionnée pour suivre cinq autres chantiers qui consistent à réhabiliter des immeubles de type « 3 fenêtres marseillais ». Au total, 19 logements sociaux, bioclomatiques et alimentés par des énergies renouvelables pour un niveau BBC- Rénovation doivent être livrés. Après des premiers coups de pioche en février 2023, le chantier devait se terminer au premier trimestre 2024. Il le sera, si tout va bien, début 2025 pour un montant supérieur de 7% au montant calculé après appel d’offres de 2,9 millions d’euros HT. Selon la maîtrise d’œuvre, seraient en cause la complexité de la gestion en parallèle de six chantiers situés sur des sites différents et une mauvaise estimation par les entreprises du coût des matériaux biosourcés.