Energie : deux ans de retard pour l'EPR de Flamanville

Le bruit enflait depuis plusieurs mois, c'est désormais officiel : la mise en production du réacteur nucléaire EPR de Flamanville est désormais fixée à 2014, soit avec deux ans de retard sur le calendrier initial.

EDF vient de le confirmer lors de la publication de ses comptes semestriels. Il y a quelques semaines, l'électricien français avait indiqué que la construction du réacteur nucléaire demandait deux fois plus d'heures de travail que prévu mais maintenait l'objectif d'un lancement commercial pour 2013. Avec 8 millions d'heures travaillées à fin mai, le cap des 15 millions d'heures devrait être nécessaire pour atteindre la fin du chantier. Conséquence : le coût de construction a été revu à la hausse, autour de 5 milliards d'euros. D'abord évalué à 3,3 milliards, l'EPR avait déjà été réévalué à 4 milliards d'euros en décembre 2008 en raison de la flambée des cours des matières premières.

Les inévitables surcoûts d'un prototype

De source syndicale, la barre des 6 milliards d'euros pourrait même être atteinte, précisant que "ce ne serait pas aberrant pour une première construction". En effet, tant le retard que la réévaluation des coûts ne sont finalement pas si étonnantes. Même si son cousin finlandais est en construction à Olkiluoto, l'EPR de Flamanville n'en demeure pas moins un prototype. Et comme tout prototype, il coûte cher. On notera d'ailleurs que le maître d'ouvrage ne jette pas la pierre aux constructeurs, à commencer par le groupe Bouygues. EDF estime même que des progrès "significatifs" ont été réalisés sur le chantier. "Un certain nombre d'étapes critiques ont été franchies, parmi lesquelles l'achèvement de la galerie de rejet, la résolution des difficultés liées au ferraillage et au liner, le démarrage des montages électromécaniques sur l'îlot nucléaire et le bon avancement de la salle des machines".

Le modèle EPR en danger

Reste que les difficultés du chantier de Flamanville ajoutées à celles d'Olkiluoto en Finlande (4 ans de retard sur le calendrier initial) ternissent l'image de l'EPR. Dans un rapport remis publié mardi par l'Elysée, François Roussely, ancien président d'EDF, souligne que "la crédibilité (...) du modèle EPR et la capacité de l'industrie nucléaire française à réussir de nouvelles constructions de centrales ont été sérieusement ébranlées par ces difficultés". L'urgence selon lui est d'établir "un plan d'actions prioritaires" afin de "garantir la construction de la centrale nucléaire Flamanville 3 dans les meilleures conditions de coût et de délais".

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