Vous venez d'être réélu à la présidence de la fédération BTP de Vaucluse. Dans quel état se trouve la profession ?
Les chiffres parlent d'eux mêmes : en un an, le BTP a perdu 900 emplois dans le département. Plusieurs dizaines d'entreprises ont connu de grosses difficultés qui se sont traduites par des réductions d'effectifs ou par des dépôts de bilan. Dans ces conditions, je suis très inquiet pour les 1500 apprentis qui sont actuellement en formation dans les établissements du département. Quel avenir professionnel pouvons-nous leur offrir ? Comment répondre à leur immense volonté de s'intégrer dans nos entreprises, si la plupart des marchés s'effondrent et si les prix sont sans cesse tirés vers le bas ? Cette situation est d'autant moins supportable que le Vaucluse a un grand besoin de s'équiper et de se moderniser.
Il y a pourtant le TGV Méditerranée et ses nombreux chantiers qui traversent le département...
Il ne s'agit pas de faire la fine bouche. Le TGV constitue pour le BTP local un salutaire ballon d'oxygène. Sur les chantiers de la nouvelle ligne à grande vitesse, plus de 30 % des intervenants sont des sociétés vauclusiennes. Je n'ose imaginer ce que serait la situation économique sans ce maître d'ouvrage providentiel ! Mais que vont devenir les entreprises qui travaillent sur ce marché lorsque les ouvrages seront livrés ? Je crains que l'après-TGV soit catastrophique. Si rien ne change, une nouvelle hémorragie en matière d'emplois est à redouter d'ici à l'an 2000...
Que faudrait-il faire pour faire mentir ces prévisions pessimistes ?
Notre assemblée générale (1) a avancé un certain nombre de propositions précises. Nous souhaitons d'abord que les grands projets vauclusiens soient sérieusement relancés. L'aire autoroutière Piolenc/Orange, la déviation d'Orange, la voie LEO, la reconversion du plateau d'Albion, la plate-forme agroalimentaire de Cavaillon, l'achèvement de la rocade de contournement d'Avignon, le recalibrage de la RN100, les aménagements de la gare TGV de Courtine, la réhabilitation des cités HLM... autant de dossiers qui nécessitent aujourd'hui un coup de pouce de la part des politiques. En ce qui concerne la cité judiciaire et la prison d'Avignon, Elisabeth Guigou - qui participait à notre assemblée générale - s'est engagée à faire aboutir les projets. Par ailleurs, notre fédération vient d'élaborer avec les donneurs d'ordres et la DDE, une « Charte départementale de la commande publique ». Ce document est destiné à détecter les offres anormalement basses qui menacent la vie de nos entreprises.
(1) Membres : Yves Duverger, Patrick Lefeuvre, Christian Léonard, Jacques Rigouard, René Truco.
