«Le sol joue un rôle important de rétention des hydrocarbures et des métaux lourds lorsque les bassins d’infiltration ont de bons compartiments de décantation en amont», affirme Sylvie Barraud, maître de conférences à l‘unité de recherche en génie civil de l’Insa de Lyon. Elle a présenté un premier bilan de la recherche sur les techniques alternatives d’infiltration lors du colloque «La pluie et la ville», organisé par l’Ecole nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg, le 4 février dernier.
Sites instrumentés.
Les techniques d’assainissement par infiltration sont de plus en plus utilisées. Leurs avantages sont nombreux: diminution des effets de l’imperméabilisation des villes, limitations des rejets urbains par temps de pluie, recharge des nappes, intégration facile dans l’aménagement (terrains de sports, chaussées réservoirs, noues, etc.). Sont-elles aptes à rendre un service durable? L’Observatoire de terrain en hydrologie urbaine (Othu) regroupe depuis 1999 des équipes pluridisciplinaires (1). Il a instrumenté plusieurs sites lyonnais en synergie avec la direction de l’eau de la communauté urbaine de Lyon. L’objectif: comprendre les phénomènes liés aux rejets urbains par temps de pluie.
«Nous avons suivi la production d’eau et de pollutions de plusieurs bassins versants jusqu’à leur rejet dans l’exutoire en étudiant particulièrement l’infiltration dans les bassins de retenue-infiltration», explique Sylvie Barraud. L’Insa de Lyon avait déjà acquis une expérience de modélisation des réseaux et développé un programme baptisé Canoé, en partenariat avec Sogreah. Désormais, les effets des polluants sont mesurés avec une précision accrue. Le bassin Django-Reinhardt à Chassieu dans l’Est lyonnais est un bassin versant industriel. Les mesures sont effectuées à l’entrée et à la sortie des systèmes d’infiltration en débit continu. «Nous analysons le pH, la conductivité et la turbidité, ces matières en suspension qui adsorbent les pollutions les plus graves (hydrocarbures, métaux lourds).» Ces analyses sont complétées par des prélèvements ponctuels dans le sol du bassin d’infiltration qui recueille les eaux du versant. Dans la nappe phréatique, des piézomètres sont disposés à l’amont et à l’aval du bassin pour évaluer l’efficacité du bassin.
Rôle de rétention.
Quel est le résultat de ces recherches? «Le sol joue un rôle de rétention important et il n’y a pas d’infiltration profonde des polluants. Au-delà de 100 cm, nous n’observons plus de traces», admet Sylvie Barraud. Si le sol fait office d’abcès de fixation, «nous ne pourrons pas faire l’économie de traiter les sédiments», juge la chercheuse. Depuis deux ans, l’Othu étudie la possibilité de les traiter, sans avoir, à ce jour, trouvé de solution probante.